Les groupes qui se produisent au Secret Place de Saint-Jean-De-Védas en ce vendredi 13 valent bien le détour… Et ce n’est autre que 6H33, tout droit venu de Paris pour une date au Luxembourg et deux dates dans le sud de la France, qui organise la soirée !
Si la diversité musicale et géographique est de mise ce soir, la scène locale n’est pas écartée pour autant, puisque c’est EIGHTFIST qui ouvre la marche dans cette salle pour le moins exiguë. Ce groupe de rock metal est mené par Nelly Wood, notamment connue pour avoir assuré le chant guttural lors de la tournée d’ETHS en 2012 et 2013. La formation pleine de punch a la lourde tâche de devoir mettre l’ambiance dans une salle pour le moment à moitié vide. Malgré tout, l’audience répond vite présent et encourage chaleureusement la talentueuse pom-pom girl et ses trois sportifs ! Mention spéciale à leur reprise du tube dance de Gala : Freed From Desire (vive les Nineties !).
Nous passons à un tout autre registre avec TOUMAÏ, venu du sud-est. Difficile de partir à la découverte de leurs compositions en live, tant celles-ci alternent sans répit parties rapides hurlées et ambiances funk plus légères. Pourtant, force est de constater qu’avec ses multiples influences, la formation sait intriguer les troupes. Finalement, leur manière d’aborder la fusion n’est pas si éloignée de celle de 6H33 et le chanteur, Antoine, fait preuve d’une présence et d’une énergie remarquables. Les claviers ne sont pas aussi audibles qu’on l’aurait souhaité, mais la prestation de groupe nous aura suffisamment interpelés pour aller écouter leur dernier album avec plus d’attention !
Le troisième groupe de la soirée répond au doux nom d’ANTROPOFAGO et, comme EIGHTFIST, est originaire des environs de Montpellier. Changement conséquent d’ambiance avec le death metal sombre et lourd du groupe. De toutes les performances, celle-ci sera la moins mémorable (et la plus longue !), d’autant que la formation se positionne juste avant la tête d’affiche… Et si la qualité du son est très moyenne depuis le début, au moins les autres groupes avaient-ils le mérite de communiquer davantage avec le public. En somme : le groupe en trop ! À revoir, peut-être, avec des formations similaires…
6H33 débarque enfin pour mettre en place leur matériel. Un pupitre noir est installé au fond de la scène et affiche une horloge peinte en blanc indiquant… 6 heures 33. Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune batterie n’est installée, le groupe s’appuyant beaucoup sur les samples lancés par leurs deux claviéristes.
Les membres enfilent alors leurs masques à l’effigie de personnages de fiction plus ou moins inquiétants… Le spectacle peut commencer ! Tandis que l’intro retentit, une personne dans le public s’écrie (à juste titre) : « Vous faites bien plus flipper comme ça ! ». 6H33 est à un mètre du premier rang, et il est impossible de ne pas être d’ores et déjà impressionné par l’atmosphère joliment sinistre qui émane de la scène et des protagonistes. D’autant que le chanteur Florent Charlet, alias Rorschach, brandit régulièrement vers nous une caméra évoquant une arme à feu… Vous avez dit « creepy » ?
On démarre avec l’excellente Hellalujah, qui ouvre également le nouvel album « Deadly Scenes ». L’attitude tantôt aliénée, tantôt loufoque du frontman convient à la perfection au cirque-épouvante de 6H33. Il court sur place, s’agite de tous les côtés, exécute de violents mouvements de tête en rythme, titille ses collègues et ponctue le show de quelques gestes bien gras… Les parents de Nicolas Pascal, guitariste et créateur de 6H33, sont présents dans le public, ce qui n’empêchera pas notre beau Rorschach de se frotter allègrement à son collègue à plusieurs reprises !
La première partie de Giggles, Garlands & Gallows, issue de l’EP du même nom et du deuxième album, poursuit les festivités. Le chanteur dédie cette lutte entre nains et clowns à Arno Strobl, qui avait justement collaboré avec la formation pour les productions ci-nommées et qui fait partie du public ce soir-là ! Un duo serait-il prévu ? Il semblerait que non… Ce qui n’empêchera pas Mister Strobl de monter sur scène de manière tout à fait spontanée sur I Like It ! Oui, la tentation était trop forte… Visiblement, la complicité entre les membres de 6H33 et l’illustre co-fondateur de CARNIVAL IN COAL demeure intacte.
Nous aurons droit à deux titres supplémentaires issus de « Deadly Scenes », à savoir le single Black Widow et l’hymne aux nerds sobrement baptisée I’m A Nerd. Introduite par des chœurs d’église, pendant lesquels Rorschach prend la pose du Christ, elle présente des parties saturées et un refrain très entraînant – le chanteur n’hésite pas à exécuter un pas de danse décalé lors du refrain, et encourage le public à en faire de même.
On arrive malheureusement trop vite à la fin (le groupe n’aura joué qu’une heure tout au plus…), avec la seconde partie de Giggles, Garlands & Gallows. Arno revient brièvement sur scène, pour notre plus grand plaisir, et Rorschach se balade parmi la foule pendant un moment plus calme du morceau. Le titre a le don de clôturer le show en grandes pompes et de faire gigoter tout le monde, y compris les autres groupes !
En un mot, ce concert était purement démentiel. Il est évident que la folie de 6H33 s’aborde sur CD, mais se doit d’être ensuite apprécié en live. Deux regrets : d’une part, l’absence de batterie, qui ajouterait un soupçon de charisme et de puissance sur certains passages (elle a déjà fait ses preuves sur les albums et constitue un élément indispensable pour les métalleux qui nous sommes). D’autre part, la longueur du set, composée de six titres à peine. On n’aurait pas rechigné à se prendre en pleine face des titres tels que The Walking Fed, Ego Fandango, Lazy Boy ou encore The Stench From The Swelling. Prions pour que le groupe nous revienne vite avec une setlist d’une longueur digne de leur esprit aussi créatif que dérangé !
SETLIST
Hellalujah
Giggles, Garlands & Gallows Chapter I: Order of the Red Nose
I Like It
Black Widow
I’m A Nerd
Giggles, Garlands and Gallows Chapter II: M.I.D.G.E.T.S.