« Everything is Changing » n’a rien d’un album de metal, et l’on pourrait donc douter de sa présence ici ; pourtant, la réputation d’Anneke Van Giersbergen, talentueuse pionnière de ce que certains appellent le « metal à chant féminin » dans les années 1990 avec THE GATHERING, justifient largement l’apparition de son album sur ce site, tout de pop/rock vêtu soit-il. Sans compter que ses collaborations régulières avec des artistes issus du Metal – Arjen Lucassen, Danny Cavanagh ou encore Devin Townsend, prouvent que la chanteuse a toujours tenu à garder un pied dans cette scène.
Bien que la carrière solo de la chanteuse ait débuté en 2007, ce troisième album est le premier à sortir sous le seul nom d’Anneke Van Giersbergen, affirmant ainsi l’identité de la musicienne, qui délaisse l’ancien nom d’AGUA DE ANNIQUE. Après un premier album (« Air », 2007) qui demeurait globalement attaché au son de son ancien groupe, et un second opus (« In Your Room », 2009) qui, cette fois, tranchait avec le passé pour nous proposer en majorité de la pop semi-acoustique très minimaliste et joviale, « Everything is Changing » mêle avec habileté les diverses influences de la chanteuse avec une maturité bien acquise et une diversité que l’on accueille à bras ouverts.
Dès le début avec Feel Alive, l’auditeur peut constater l’évolution : la batterie et les guitares sont plus présentes, alors que les synthés et les arrangements électro sont employés en abondance. En un mot : les compos sont beaucoup plus consistantes, infiniment plus riches que dans l’opus précédent.
On retrouve cette impression sur You Want to be Free, qui surpasse la qualité du titre précédent avec notamment ses parties de batterie étudiées, alors que Take Me Home doit aussi sa richesse aux effets électro qui se mêlent agréablement à quelques notes de piano en fond.
Si Anneke nous a depuis longtemps exprimés son attachement aux compositions entraînantes, simples et joyeuses, « Everything is Changing » est loin d’être dénué de profondeur et de mélancolie, comme nous le prouve I Wake up, un titre frais, abouti et novateur. Cette atmosphère se manifeste dans toute sa splendeur sur le morceau éponyme et A Thousand Miles Away From You, qui peuvent rappeler les sonorités planantes de l’album « Air », voire même de THE GATHERING. Un choix artistique, certes peu original, mais qu’on ne peut que saluer tant la douce voix d’Anneke parvient encore et toujours à enchanter l’auditeur.
My Boy, une chanson dans laquelle la chanteuse s’adresse à son fils et dont le crescendo ajoute une intensité certaine, est probablement l’un des morceaux les plus émouvants. Hope, Pray, Dance, Play reste dans le ton, avec des couplets toutefois plus sombres que le refrain. À l’inverse, Slow Me Down présente un refrain peu inspiré, bien que la fin, où tous les éléments musicaux, y compris le chant, offre une montée en puissance bienvenue. De même, la ballade au piano Circles, aux faux-airs de My Immortal d’EVANESCENCE, fend tellement le cœur qu’il serait difficile de la compter parmi les meilleurs titres et d’en profiter pleinement.
La chanteuse l’avait annoncé dès le début : « Everything is Changing » possède une touche « heavy » non négligeable… Information à prendre avec des pincettes. En effet, si les compositions n’entraîneront aucun mouvement de foule violent en concert, Stay et et Too Late sont des morceaux rentre-dedans, avec les guitares mises en vedette, en particulier sur le pont de cette première, qui s’apparente momentanément au Metal.
Ainsi, avec ce nouvel album, Anneke affirme enfin son style sans se limiter à une seule direction musicale comme elle l’avait fait auparavant. Entre langueur et joie, entre douceur et énergie, entre simplicité et intensité, ce troisième album convaincra sûrement tous ceux qui avaient été sceptiques à l’écoute de « In Your Room ». Il s’agit là d’un territoire plus vaste et plus beau qu’il faudra explorer sans plus tarder.