20 août 2016. ARCHITECTS perd l’un de ses membres fondateurs, Tom Searle. Deux ans plus tard, le groupe de metalcore fait un retour fracassant avec le bouleversant « Holy Hell ». Nous avons profité de la venue à Paris du chanteur Sam Carter et du bassiste Alex Dean pour se pencher sur ce futur incontournable de vos discographies !
Pour commencer, y a-t-il une question qu’on vous a trop posée aujourd’hui et que je devrais éviter ?
Alex Dean : Ça a été plutôt varié aujourd’hui !
Sam Carter : Dieu merci, personne ne nous a demandé pourquoi on s’appelle ARCHITECTS ou quelque chose comme ça.
Que pensez-vous de l’étiquette “metalcore” qu’on vous a collée ?
S. C. : Être un groupe de metalcore ne me dérange pas… tant qu’on est le meilleur !
A. D. : On a essayé de nommer notre style post metalcore, mais ça n’a pas pris. Tout le monde devait penser que metalcore suffisait.
S. C. : Je trouve tout ces sous-genres un peu étrange. Metalcore, Black Metal, Death Metal… Au final, c’est du metal.
Essayez-vous de simplifier le plus possible ce genre de nuances ?
S. C. : Bien sûr, pour nos proches ! (Rires) Souvent ils nous demandent ce qu’on joue et quand on répond “du metal”, on a souvent le droit à : “Comme IRON MAIDEN ou BLACK SABBATH du coup ?”… Ex-ac-te-ment.
Les clichés doivent s’additionner…
S. C. : En fait, notre tempérament calme surprend pas mal de gens. Ça et le fait que je ne passe pas ma vie à hurler.
A. D. : On a les cheveux courts et on s’habille de manière normale, alors on ne fait pas très metal…
Est-ce difficile d’être au sommet à votre âge ?
A. D. : Nous sommes jeunes, mais ARCHITECTS est déjà un groupe installé, alors on le vit bien. On fait de la musique depuis qu’on a 17 ans, donc on est rodé. Le succès ne nous est pas tombé dessus du jour au lendemain… On a été très petit pendant très longtemps.
Diriez-vous que ça y est, vous avez réussi ?
S. C. : Je dirais qu’on a mérité ce qui nous arrive. On est heureux de ce qui nous arrive, mais on ne compte pas se reposer sur nos lauriers !
Où avez-vous trouvé la force de continuer après le décès de Tom ?
S. C. : Ce groupe, c’est notre vie. Faire de la musique est la principale chose qui nous a permis de faire face. Ça et retourner en studio tous ensemble. C’était la seule chose à faire. Tom n’aurait pas aimé qu’on laisse tomber.
A. D. : Je pense qu’on est le groupe de Tom. C’est suffisamment motivant pour qu’on continue aussi longtemps que possible. On doit continuer à faire de la musique pour honorer sa mémoire. Il s’est tellement donné pour ce groupe que le laisser disparaître serait inconcevable.
Était-ce difficile d’entrer en studio sans lui ?
A. D. : Bien sûr. Enregistrer n’importe quel album demande beaucoup d’un groupe. Tom était très impliqué à ce niveau, donc on a du apprendre à faire sans lui. On a également dû accueillir Josh, qui avait la lourde tâche de remplacer Tom. Il a été incroyable et c’est un membre du groupe à part entière aujourd’hui.
S. C. : On a eu la chance d’être tous sur la même longueur d’onde. Ça n’aurait pas pu se faire sinon.
Ressentiez-vous de la pression ?
S. C. : Quand nous composions, oui. C’est pour ça qu’on en a parlé à personne. On se mettait une telle pression nous-même qu’on ne voulait pas en rajouter.
A. D. : Sortir un album c’est livrer une part de soi à un public qui n’adhèrera peut-être pas, alors ça pèse.
Comment réagissez-vous aux critiques dont vous pouvez faire l’objet ?
S. C. : On est assez épargné de ce côté. Il faut dire que ce ne serait pas très sympa de nous attaquer après ce qu’on a traversé. Mais au final, l’art est quelque chose de totalement subjectif. Si vous n’aimez pas, faites ce que les gens normaux font et passez votre chemin.
A. D. : Si vous tombez dans le piège et vous mettez à lire ce qu’on écrit à votre sujet, c’est assez dur d’éviter les critiques négatives. En un sens, ce sont celles que vous cherchez.
Comment avez-vous choisi vos deux premiers singles ?
A. D. : Tout le monde est tombé d’accord pour le premier. On a tous pensé qu’il représentait parfaitement l’album. Quant à Royal Beggars, on a accroché à la nouvelle direction que ça donnait au groupe. C’était une prise de risques, mais pour l’instant les retours sont bons.
Pourquoi ne pas avoir opter pour la chanson Holy Hell ?
S. C. : Vu que c’est le titre de l’album, je pense que ça suffira à ce que la chanson intrigue. Avant la sortie d’un album, vous voulez vous montrer sous votre meilleur jour. Royal Beggars est parfaite pour ça.
Alterner entre le chant et le cri doit requérir beaucoup de travail ?
S. C. : J’ai beaucoup de talent, ça aide ! (rires) J’essaye toujours de me dépasser, et je ne suis jamais satisfait de ce que je fais. Je ne me dis jamais que je suis un bon chanteur, je peux toujours faire mieux. J’atteins de plus en plus de notes et je les délivre de mieux en mieux, je pense. Je veux simplement être le meilleur. Je ne pense pas que je le sois, mais c’est mon objectif.
C’était courageux que d’ajouter des cordes à plusieurs de vos morceaux !
S. C. : C’était une super expérience et ça rend vraiment bien. Avoir les musiciens avec nous dans le studio, c’était vraiment cool !
A. D. : Ils nous ont bien remis à notre place. Ils étaient si bons !
Est-ce le genre de direction que prendra votre prochain album ?
S. C. : Je ne sais pas. On va d’abord partir en tournée et ensuite on verra.
A. D. : Je dirais que les instruments électroniques vont avoir une part d eplus en plus importante dans nos compositions. On aimerait avoir la palette de sons la plus large possible.
Pensez-vous que l’art permet d’atteindre l’immortalité ?
S. C. : En un sens, oui. Je pense que jouer la musique de Tom le rend immortel. C’est un peu le journal de sa vie, et les gens pourront toujours le lire. Et ce qu’il y a de bien avec la chanson Death is not Defeat : c’est la réponse de Dan à la disparition de Tom. Il ne doit pas avoir l’impression d’avoir perdu une bataille — comme on nous le répétait régulièrement. On était avec lui tout du long, et on a vu à quel point il était fort… Continuer de parler de Tom le maintiens parmi nous.
Le décès de Tom vous a-t-il détourner de la musique à un moment ou à un autre ?
S. C. : Au contraire, ça a renforcé l’importance de la musique dans ma vie.
A. D. : On a perdu Tom très tôt après la sortie de notre album précédent, et on se devait de jouer ses morceaux. Le public devait entendre sa musique. C’était très dur, mais ça fait aussi partie de nos meilleurs concerts.
Pensez-vous que vous serez encore sur scène à 70 ans ?
A. D. : Ce serait excellent !
S. C. : Tant qu’il y aura des gens pour nous écouter, on continuera de jouer.
Vos albums précédents étaient très politiques. Reviendrez-vous à ce genre de sujet à l’avenir ?
A. D. : Peut-être.
S. C. : On verra dans quel état est notre société à ce moment là. (rires) On a toujours été branché politique et on le restera. Cela ne faisait juste pas sens en ce qui concerne cet album. On était tellement loin de toutes ces préoccupations que ça n’aurait pas sonné juste. Je suis sûr que ce sera toujours le bordel quand on se collera au prochain album, donc on devrait avoir de quoi faire !
Ce sera après le Brexit…
S. C. : Exactement. Mais on ne sera plus en Angleterre à ce moment. On aura fui pour la France ou l’Allemagne.
Considérez-vous qu’un artiste doit s’engager ?
A. D. : Avoir la possibilité de s’exprimer est une responsabilité. Après tout dépend de votre objectif en tant que musicien. Si vous voulez parler d’une rupture, pourquoi pas. Mais si vous vous intéressez à une cause et vous ne profitez pas de votre art pour la mettre en avant, vous gâchez quelque chose. Il y a tellement de musique qui ne veut rien dire que le moins qu’on puisse faire c’est s’engager.
C’est donc un devoir ?
S. C. : Je pense. Si vous tenez à une cause, faites ce que vous pouvez pour la soutenir, sans craindre les retombées.
Vous êtes donc prêts à privilégier un message plutôt que votre groupe ? Quelle est la place de l’ego dans cette équation ?
S. C. : On fait de notre mieux pour que l’ego vienne en dernier. Cela ne fonctionne pas toujours, mais on fait de notre mieux pour penser à notre musique avant nous.
A. D. : Le plus important c’est d’être honnête, sinon ça sonne faux.
S. C. : Certains groupes essaient de s’engager, mais on voit clair dans leur jeu. Ils n’accordent pas une véritable importance aux causes qu’ils défendent et ne font ça que pour l’argent…
En ce qui vous concerne, vous soutenez Sea Shepherd et êtes tous vegans…
S. C. : On n’est pas le seul groupe vegan — Attention, ce n’est pas une étiquette qu’on revendique (rires) mais c’est vrai qu’on a ça en commun. On ne force pas les gens à adhérer à telle ou telle cause. On est juste ravi de leur donner plus d’informations quand ils en demandent.
Une dernière question : Si je regardais dans vos téléphones, quel est le morceau le plus surprenant que j’y trouverai ?
A. D. : Une chanson de DJ KHALED et JUSTIN BIEBER (rires) Je l’ai entendu dans un Uber et il s’est passé un truc — ça m’a bien plu et je l’ai téléchargé. Mais je ne l’ai pas écouté depuis !
S. C. : POST MALONE, PUSHA T… J’ai du SADE aussi ! “No Ordinary Love”, c’est un super album !
Jessica Saval