Cela faisait quatre ans que nous attendions cet album. Force est de constater qu’ASYLUM PYRE a produit ici une œuvre efficace, accrocheuse et peaufinée jusqu’à la moindre petite sonorité ! Il n’y a qu’à voir les deux extraits sortis en clip (dont le plus récent est à écouter à la fin de cette interview) pour s’en faire déjà une belle idée…
Avec « N°4 », qui sortira le 26 avril prochain, le groupe n’aura aucun mal à se faire apprécier à sa juste valeur et à se démarquer haut la main de la scène metal française.
C’est au Black Dog de Paris que nous nous sommes donc entretenus avec les sympathiques Johann (guitares, chant) et Ombeline (chant lead) !
À 15 jours de la sortie, comment vous sentez-vous ?
Johann : On est plutôt confiants, grâce aux retours positifs de la presse et d’un cercle de privilégiés à qui on l’a fait écouter. A vrai dire, ils sont encore meilleurs que sur les albums passés !
Ombeline : Un journaliste qui déteste le metal mélodique nous a dit aujourd’hui qu’il avait beaucoup aimé l’album. Parvenir à toucher ceux qui écoutent des genres plus extrêmes est en soi une belle satisfaction !
Johann : Après, je demeure un éternel insatisfait qui va remarquer LE commentaire négatif… Par exemple, un chroniqueur a dit qu’on aurait pu aller plus loin. Un autre a trouvé l’album trop théâtral… C’est souvent une question de goût ! Malgré tout, ces chroniques relèvent également beaucoup de points positifs. Mais comme j’étais habitué à avoir des bonnes notes à l’école, en dessous de 8/10, je ne suis pas content ! (Rires)
Finalement, ce qui m’inquiète le plus, c’est le fait qu’à notre époque, il y ait énormément de sorties : on n’a pas la force de frappe d’un grand groupe qui, avec le même album, remporterait un succès assuré. D’autant qu’on prend un nouveau départ… On espère ainsi que les gens redeviendront curieux et nous donneront une nouvelle chance de les convaincre. J’ai vraiment envie que les gens aient la possibilité d’avoir le nouvel album entre les mains !
Ombeline : Globalement, nous sommes vraiment satisfaits du travail effectué sur « N°4 ». Tout le monde a remarqué le côté « putassier » de notre premier single, Sex, Drugs And Scars… Mais en fait, on s’en fiche ! (Rires) On assume complètement, et c’est le principal. Tant pis pour les rageux…
Vous avez commencé à répéter pour les concerts en Mai ?
Johann : Oui, et je dirais qu’on est quasiment prêts ! D’ailleurs, c’est probablement moi qui suis le plus à la traîne, étant submergé de boulot… Ca fait un mois que je n’ai pas répété mes parties de chant ! (Rires) Mais je sais que je peux m’appuyer sur une équipe solide.
A ce sujet, qui va remplacer Nils (Courbaron, T.A.N.K., ndlr) à la guitare lead ?
Pierre-Emmanuel Pélisson, notre ancien bassiste qui a enregistré pour « N°4 », et qui revient donc en tant que guitariste. J’avais la larme à l’œil le jour où j’ai reçu son message qui disait : « Tu sais que je fais aussi de la guitare ? » (Rires)
P-E sera-t-il à même de reprendre les soli interprétés par Nils sur l’album ?
Ombeline : Tout à fait ! C’est quelqu’un de très mature, qui a une solide expérience, et qui sait s’adapter. Il a beaucoup tourné, notamment au Japon avec le groupe CIVILIZATION ONE…
Johann : Et puis, il déchire ! Il a un groove unique, et il parvient à donner une toute autre dimension à un titre comme These Trees (de l’album « Fifty Years Later », ndlr).
Qui va s’occuper du chant saturé là où il y en a beaucoup, comme sur Dea(r)th, où la majorité du titre est interprété par Raf (T.A.N.K., ndlr) ?
Ombeline : On se partagera les lignes de chant avec Johann. Dans tous les cas, il y aura quelques segments à se redistribuer. Ca va aussi dépendre de ce qu’on va avoir à chanter avant et après ces parties : en effet, une des particularités d’ASYLUM, c’est qu’il faut avoir un sacré cardio pour suivre le rythme ! (Rires) Quand tu interprètes ces morceaux avec, en plus, toute la pêche qui leur incombe, tu as sacrément intérêt d’être en forme vocalement. Et puis, si Raf a un jour la possibilité de nous rejoindre sur scène, ce sera avec plaisir.
Johann, par rapport aux albums précédents, et étant donné le soin apporté aux détails dans « N°4 », dirais-tu qu’il a été le plus difficile à produire ?
Johann : Au contraire, ça a été le plus facile ! Le processus a été long, dans le sens où nos vies sont bien remplies et qu’on n’habite pas à proximité les uns des autres, sans compter les changements de lineup… En revanche, l’écriture m’est venue de façon assez naturelle. Pour la première fois, je me suis également chargé de tout ce qui était claviers et programmations. J’ai observé ce que les autres faisaient avant moi, et je me suis lancé ! (Rires)
En plus de cela, dans la mesure où tu travailles avec les bonnes personnes, tout roule ! Et au final, il n’a pas été question de savoir si nous étions capables de faire telle ou telle chose, mais simplement de voir ce qu’on allait choisir d’inclure ou pas. L’ambiance était détendue, et ce, dès l’enregistrement de la batterie, qui s’est fait dans le partage : Angelo, notre ingé-son, Thomas (Calegari, batteur, ndlr) et moi-même y avons travaillé en vivant le truc à fond, et c’était génial ! Thomas nous a même dit : « Les parties batterie sont le résultat d’un travail à trois ». J’adore la batterie sur cet album, et Thomas a fait un travail admirable !
Johann et Ombeline pendant les enregistrements de N°4, en 2018
Auparavant, ce qui bloquait, c’était donc un manque de capacité et une ambiance peu propice ?
Il y avait de ça… Il y avait aussi le fait que je ne parvienne pas à imposer ma vision et mes idées. J’avais moins confiance en moi… Finalement, tout projet a besoin d’une personne qui montre la voie et qui pousse les autres. C’est compliqué, surtout que je déteste le terme de « leader », et que je ne me considère pas comme le chef !
Sans compter que, cette fois, je me suis vraiment senti aidé par l’ingé-son, qui a su comprendre la musique et l’améliorer par rapport à ce qui avait été fait sur les démo, dont l’état d’esprit et l’énergie se retrouvent dans la version finale – fait assez rare pour le souligner !
A quelle chanson de l’album vous identifiez-vous le plus ?
MCQ Drama, ou la difficulté de faire des choix ! (Rires)
Ombeline : Pour ma part, ce serait Sex, Drugs and Scars. Le titre semble un peu racoleur, mais il aborde surtout les vicissitudes du quotidien dans lesquelles on peut tomber quand on ne va pas très bien. Le plus souvent, elles sont évoquées « pour rire », en mode rock’n’roll… Mais en fin de compte, elles ne sont pas si drôles et reflètent souvent un certain état mental.
Quand on parle de drogue, il ne s’agit pas uniquement des drogues dures, comme l’héroïne ou la cocaïne, mais aussi de drogues « légales » qui peuvent influer ta façon de voir et d’être… Les cicatrices, quant à elles, ne sont pas forcément visibles : ce sont les cicatrices qui restent après t’être abandonné à certaines pratiques.
J’aime aussi beaucoup Lady Ivy, dont l’interprétation est très rageuse, ou encore Into The Wild, beaucoup plus sensible. On n’a pas forcément eu beaucoup de retours sur celle-là… C’est peut-être une des plus calmes, mais qui parle quand même de tout lâcher et se barrer.
Ombeline, as-tu eu un rôle à jouer dans l’écriture des paroles ?
Quand je suis arrivée, Johann avait composé quasiment toutes les chansons. Moi, j’ai apporté ma palette vocale et mes influences. Ceci dit, on a retravaillé ensemble quelques lignes de chant. Clairement, ses thématiques me parlent. On a traversé des épreuves relativement similaires, ou en tout cas, des choses que je peux comprendre et que je peux me permettre d’interpréter. Pour le prochain album, il restera le parolier principal, mais dans la mesure où nous sommes à nouveau toute une équipe, je pense que la composition pourra se faire différemment, même s’il restera le maître incontesté !
Je dis toujours que Johann est un artisan, qui va prendre énormément de temps pour penser à chaque chose. C’est un vrai chansonnier, qui va jusqu’à travailler la sonorité des mots en anglais et retranscrire ça en musique.
En parallèle, travailler avec Johann est une belle expérience humaine. Il m’a avoué un jour qu’il aimerait bien m’avoir en petite sœur… Et tels un frère et une sœur, même si on s’apprécie beaucoup, il y a des moments où on va se souler ! Mais il s’agit maintenant d’une vraie amitié, d’autant qu’on s’échange des messages tous les jours par rapport au groupe.
« N°4 » s’achève sur une étrange atmosphère horrifique de morts vivants… Pouvez-vous nous parler de la création de ce passage ?
On a enregistré chez Angelo, notre ingé son italien. Très souvent, il nous invitait chez lui pour manger, et Fernando, son père de 65 ans, avait pour habitude de sortir la grappa, la liqueur italienne. Moi, bonne vivante et avide de nouvelles expériences, je ne refusais jamais, d’autant que cela a permis de favoriser l’échange ! Il nous encourageait à boire tout le temps… (Rires) Et il nous a appris cette chanson à boire interprétée dans un dialecte italien que tu entends à la fin de Cemetery Road !
Pour le chœur, on a demandé à des amis à Angelo de jouer les zombies qui se dirigent vers le cimetière… Quand Angelo nous a renvoyé les pistes, il avait totalement retravaillé les voix, ce qui donne un espèce de chœur fantomatique ! Et je trouve que ça s’y prête vraiment très bien.
Pour terminer, où en est ton émission que tu avais commencé à tourner, dans la veine de « J’irai dormir chez vous », et où on te voyait en baroudeuse, allant à la rencontre d’autochtones pour chanter avec eux ?
Le projet est toujours d’actualité. J’avais été refusée par Bonne Pioche, qui produit justement « J’irai dormir chez vous », pour des questions de droits d’exploitation musicaux.
Ca va faire deux ans maintenant que je suis partie le tourner au Portugal. A l’époque, je n’avais aucune expérience. Donc il faudra simplement l’actualiser au regard des productions qui se font aujourd’hui. C’est vrai que maintenant, avec mon œil de professionnelle du secteur audiovisuel, je me dis qu’il manque un truc…
Je suis donc en train de réfléchir pour continuer le programme, peut-être pas pour la télévision mais pour une diffusion sur Youtube, par exemple, afin d’exploiter à fond le potentiel des solutions numériques. Le but serait plutôt de créer une communauté tout en continuant ce mélange de voyages et de chants, traditionnels comme modernes. Je suis justement en train d’en discuter avec plusieurs amis producteurs… A terme, j’aimerais que ça devienne mon métier principal !
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Photo principale : Christiane de Rock Metal Mag
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REGARDEZ DÈS À PRÉSENT LE SECOND EXTRAIT DE « N°4 », One Day :