Interview réalisée au Hellfest
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C’est après une performance inoubliable et haute en couleurs sur la Mainstage 1 que nous avons pu discuter en tête à tête avec Johannes Eckerström, chanteur – et clown terrible de l’étoile montante qu’est AVATAR.
Un mot sur le concert que vous venez de donner ?
Johannes Eckerström – Je pense qu’on peut parler d’expérience extra-corporelle ! Il est tout simplement impossible de se rendre compte de la quantité de gens qui te regardent… C’était super. Nous avons déjà joué dans de gros festivals avant, et maintenant, j’ai l’habitude de retirer momentanément mon système intra-auriculaire pour profiter de ce son !
Au-delà de ça, nous nous concentrons sur notre performance et sur le défi à relever. Quand on joue dans une petite salle, on fait comme s’il s’agissait d’une arène, et quand on joue un concert aussi énorme, on fait comme s’il s’agissait d’une petite salle, le but étant de gagner la foule entière à notre cause. En ce moment, je me sens heureux, tout en ne parvenant pas à comprendre ce qui vient de se passer. C’est dur à expliquer…
AVATAR arbore costumes et maquillages, mais cela n’a pas toujours été le cas…
Pendant l’enregistrement de « Black Waltz » (2012), nous avons senti que la musique reflétait enfin notre propre identité. Je reste très fier de nos premiers albums. Ceci étant dit, pour moi, c’est comme si à l’époque, nous étions à l’école, et que « Black Waltz » était notre diplôme de fin d’études, une sorte de doctorat ! De la même manière, il était temps de déterminer notre identité visuelle, et ce à quoi notre musique devait ressembler. Tout est parti d’expérimentations lors d’un photoshoot… Nous devions déterminer comment rattacher le personnage que j’incarnerais à l’atmosphère du clip de Black Waltz. Ce n’est qu’une fois maquillé en clown effrayant que nous avons su à quel point celui-ci représentait l’atmosphère de l’album tout entier. Voilà ce qu’était AVATAR !
Au départ, nous étions censés nous limiter au clip, mais cela a fini par faire sens pour tout le reste. Nous continuerons sur cette lancée, du moment que le visuel n’empiète pas sur l’art. Mais je doute que ça arrive… Ce visuel nous inspire toujours.
Le mois dernier, vous avez remporté le « Breakthrough* Award » aux Metal Hammer Golden Gods. Félicitations !
Merci ! Je me moquais de moi-même, parce qu’une partie de moi pensait : « On est trop vieux pour se soucier du prix ! ». La récompense, je la voulais il y a dix ans de cela… J’aurais tout donné pour ! Mais, le fait que les gens nous suivent, que nous nous portions bien… C’est finalement ce qui importe le plus, et j’ai pensé que nous n’avions pas besoin de prix. Malgré tout, j’avais préparé un discours… Donc, au fond, je m’en souciais plus que je n’osais l’admettre ! Et puis, le fait qu’il s’agisse d’un choix fait par le public et les fans rend l’honneur d’autant plus grand. Et puis, l’événement en tant que tel était vraiment sympa. D’autant que c’est SABATON qui nous a remis le prix, et ce sont de très bons amis à nous. Enfin, une multitude d’artistes dont je suis très fan, tels que Devin Townsend ou Tony Iommi, étaient présents. C’était une super expérience !
D’ailleurs, as-tu eu le temps d’aller voir Devin jouer aujourd’hui ?
Nous étions en séance de dédicaces, à ce moment-là… Mais je l’ai déjà vu plusieurs fois en live, et je lui ai même déjà parlé. J’entendais son set pendant les dédicaces. J’ai reconnu Kingdom, l’un de mes morceaux préférés de Devin en live. Donc ce n’est pas si grave !
AVATAR a sorti une réédition du dernier album, « Feathers & Flesh » (2016), sous forme d’audiobook. Peux-tu nous dire comment vous en êtes arrivés à sortir l’album dans un format aussi inhabituel ?
En fait, c’était assez spontané… Le label nous a fait part de leur intention de ressortir l’album avec quelques bonus… Mais l’idée me paraissait barbante au plus haut point ! Nous avons donc réfléchi à ce que nous pourrions faire. C’est là que nous avons pensé à l’audiobook, qui était bien plus intéressant qu’une simple réédition, puisque nous avions déjà sorti un livre qui racontait l’histoire de l’album. On ne souhaitait pas mettre le couteau sous la gorge des fans… Nous y avons réfléchi avec John (Alfredsson, batteur d’AVATAR, ndlr). Si vous lui demandez, il vous dira que c’était son idée, mais en réalité, c’était la mienne ! J’aime beaucoup l’ambiance de radio-théâtre à l’ancienne qu’on y retrouve. Je me suis beaucoup amusé à enregistrer ces parties.
Que peux-tu déjà nous révéler sur le prochain album ?
On écrit sans cesse, et on ne peut pas s’empêcher de réfléchir à ce que l’on fera par la suite. À ce stade, c’est top secret ! Désolé… Une fois que tu as produit quelque chose de spécial, comme pour le dernier album, cela doit continuer ainsi. Le tout, c’est de trouver un nouveau défi, une chose que nous n’avons jamais faite auparavant. C’est notre mantra : « évolue, va plus loin ». Nous aimons tous des titres comme Let It Burn, mais ce morceau existe déjà, et nous n’avons pas besoin d’un Let It Rain ou Let It Snow… Nous sommes constamment à la recherche de nouvelles idées, afin, justement, de continuer à jouer ce genre de morceaux en concert.
Peux-tu au moins nous dire s’il sortira en 2018 ?
Il sortira. C’est tout ce que je te dirai !
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Merci à Roger de Replica.
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*Breakthrough = percée, avancée (www.wordreference.com).