Retour dans les années 80. Après l’avènement du heavy, le metal n’est plus une contre-culture de niche et goûte au succès populaire par l’intermédiaire de formations apte à remplir les plus grandes salles. Le potentiel mainstream se révèle alors et donnera sa pleine mesure dans un mouvement qui viendra truster la tête des charts pendant des années : le glam.
Grandiloquents, radio-friendly, avec juste ce qu’il faut de provocation pour faire plaisir à la jeunesse et s’assurer une présence quotidienne dans les media, les groupes de « hair metal » envahissent les ondes et les télévisions avec leurs permanentes et leurs tubes calibrés, dans un règne fait de power ballads et de mascara.
Puis l’inévitable essoufflement arriva, le mouvement se trouvant en quelques mois ringardisés par l’arrivée de mouvements plus extrêmes et par l’infâme grunge.
Pendant longtemps, le style resta le vilain petit canard du metal, celui qui avait osé aller en pleine lumière quand le metal se doit de s’épanouir dans l’ombre, à l’abri de l’argent et de la gloire qui pervertissent la musique.
Blackrain
Vint enfin le temps Ô combien mérité du revival dans la deuxième partie des années 2000, qui s’est encore accéléré avec la fascination omniprésente pour les 80s.
De nombreux groupes s’infiltrent alors dans la brèche et font revivre le Sunset Strip avec brio.
En 2019, ce retour en grâce est encore vivace. Et l’un de ces fiers héritiers revient pour une nouvelle dose de sleaze comme à la grande époque. Et diable, il est français !
Pour tout amateur du genre, BLACKRAIN ne sera clairement pas inconnu. Présente depuis des années sur le circuit, la formation haut-savoyarde sort, déjà, son 6ème album.
Autant être honnête d’emblée : si j’ai écouté plusieurs fois la musique du groupe, je dois bien admettre que je n’ai jamais été un grand fan. Malgré un talent plus que certain dans l’écritures de vrais gros tubes, j’ai toujours eu un peu de mal avec la voix de Swan Hellion, un peu trop haut perchée et nasillarde à mon goût, qui m’empêchait de pleinement apprécier la musique du groupe.
Mais ça, c’était avant ! Il est possible que mon degré de tolérance ait simplement grimpé. Ou que faire la chronique m’a poussé à prêter une plus grande attention à cet album qu’aux précédent. Il est aussi possible que le frontman ait progressé vers un chant plus varié, plus sobre et efficace, dans des tonalités moins criardes qui rendent vraiment hommage à la qualité de composition du groupe.
Quelle qu’en soit la raison, je découvre alors que, derrière un chant qui me rebutait, se cachaient des compos frisant souvent l’excellence.
Surprise : du tube, il y en a à la pelle sur Dying Breed !
Ça commence dès l’ouverture avec le titre éponyme qui a tout pour devenir un hymne absolu en concert. Avec son refrain efficace et ses chœurs à faire chanter à la foule, « Dying Breed » a de sérieux arguments et devrait sans surprise se retrouver en bonne place dans leur setlist.
Blackrain
La suite sera du même tonneau, et se fera surtout très variée.
« Hellfire » ravage tout en invoquant la puissance heavy de MÖTLEY CRÜE. « Nobody Can Change », le meilleur morceau de l’album, apporte une touche de modernité fort bienvenue et envoie un solo de guitare plein de feeling rappelant les plus grandes heures des guitare heros. « A Call From The Inside » et son côté hard-FM est absolument imparable. Même l’exercice assez casse-gueule de la ballade est plutôt bien exécuté. « All Angels Have Gone » est un joli morceau, bien écrit, et surtout bien interprété. Il me prouve au passage que non, ce n’est pas juste moi, la voix de Swan n’a jamais été aussi bonne ! Les 80s sont ressuscitées et modernisées sur chaque titre, avec une réussite quasi générale.
Seul « Public Enemy », plus faible, vient légèrement ternir l’album. Anecdotique. L’impression générale reste excellente et il est parfois bon d’avoir eu tort !
Car BLACKRAIN a sorti l’album qu’il fallait pour me rallier à leur cause : varié, bien produit, bien interprété, bien chanté, et surtout rempli jusqu’à la gueule de mélodies imparables et de refrains en béton armé.
Si vous ne vibrez qu’au son de pièces progressives de 15 min, passez votre chemin.
Si les tubes fun suintant de feeling vous parlent, je ne saurais que trop vous conseiller l’écoute de ce « Dying Breed », véritable remède contre la dépression.