S’il s’agit de la 3e édition du Dynamo Metal Fest tel que nous le connaissons actuellement, le nom « Dynamo » est bien plus ancien, et pour cause : la toute première édition a 31 ans d’âge ! Mais cet événement metal autrefois incontournable et qui, en 1995, rassemblait tout de même plus de 110 000 spectateurs sur 3 jours (à peine moins que le Hellfest et le Graspop, mais plus que le Wacken !), a été contraint de fermer ses portes en 2005, avant de finalement reprendre du service dix ans après, en n’accueillant, cependant, pas plus de 9 groupes sur 1 journée.
La programmation reste néanmoins très fidèle au festival originel, puisque la plupart des noms sur l’affiche ont déjà joué dans le cadre du festival, parfois même plus d’une fois. À savoir, enfin, que cette édition a affiché complet quelques jours avant le jour fatidique, promettant ainsi de beaux jours au festival !
C’est donc dans cette patinoire momentanément désaffectée que cette édition va se dérouler. Les températures sont douces (équivalentes à notre Printemps), et le temps, plutôt clément. Les stands de nourriture et de boissons sont nombreux et variés, tout comme les stands de merchandising. En un mot : des conditions idéales pour apprécier tranquillement ce crû 2017…
WHITE BOY WASTED | 11H30 – 12H05
Le jeune groupe, qui joue à domicile, a pour mission d’énergiser les quelques festivaliers qui arrivent sur le site à compte-goutte et qui, pour la plupart, choisissent de profiter de la performance assis sur la pelouse afin de s’imprégner lentement mais sûrement de l’ambiance. Mais c’était sans compter le thrash explosif des Hollandais : c’est un véritable coup de poing musical que nous recevons en cette heure matinale, avec contre-temps soutenus, voix arrachées, et même une pointe subtile de rock’n’roll ! L’audience, quoique restreinte, répond présent, pour le plus grand plaisir du groupe.
White Boy Wasted
VUUR | 12H25 – 13H15
Si le premier groupe souffrait quelque peu de l’horaire qui lui avait été attribué, il n’en est rien pour VUUR, qui attire en un clin d’œil une foule dense, tandis que les musiciens commencent à s’installer. Il faut dire que la chanteuse de ce tout nouveau groupe n’est autre que la grande Anneke Van Giersbergen, qu’on ne présente plus, et pour qui le Dynamo est loin d’être inconnu, puisqu’elle a pu y participer en 1996 et 1999 avec les excellents THE GATHERING. En outre, la talentueuse artiste demeure une grande favorite des metalleux, que ce soit sur sa terre natale ou ailleurs dans le monde !
Enfin, bien que la formation ait dévoilé un premier titre dans son intégralité quelques semaines auparavant, les fans attendaient avec impatience de voir ce que donnerait ce groupe tout nouvellement constitué.
Dès le premier titre, le ton est donné : les trois guitares sont dégainées sous les applaudissements déjà assourdissants du Dynamo et nous gratifient de riffs incroyablement lourds !
Vuur
Bien que le contraire soit excessivement rare (voire impossible ?), la chanteuse, plus expressive que jamais, est très en voix, et son charisme sur scène n’a plus à faire ses preuves. Un constat s’impose : les cinq morceaux de VUUR joués aujourd’hui, majoritairement inconnus, débordent tous d’efficacité en live. Sail Away est résolument accrocheur, Days Go By donne l’opportunité à Anneke d’effectuer des vocalises, tout d’abord légères, puis extrêmement puissantes, sur le pont du titre.
Concernant Save Me, on décèlerait presque un petit côté AFTER FOREVER, d’autant que la voix frôle le lyrique sur certains passages ! De manière générale, chaque technique vocale est bien plus poussée et se caractérise systématiquement par sa puissance.
On note également un réel enthousiasme chez les autres musiciens, tandis que Jord n’est pas avare en solos techniques, que Johan s’agite de part et d’autre de la scène (exécutant même un fameux saut dans l’air depuis l’estrade de la batterie) et que Ferry offre une mine radieuse !
Bien entendu, un concert d’Anneke sans morceau issu de collaborations passées n’aurait pas la même saveur… VUUR nous offre donc les cultissimes On Most Surfaces et Strange Machines, pour le plus grand plaisir des fans de THE GATHERING présents en nombre, ainsi que The Storm, l’un des titres les plus heavy de THE GENTLE STORM.
Comme cela a été le cas pour le groupe précédent, seule la langue néerlandaise est employée à chaque prise de parole. Dommage pour nous, car quelques spectateurs réagissent aux propos d’Anneke en riant. Les classiques blagues de l’interprète nous auront donc complètement échappés..
En résumé, si VUUR n’a pour le moment qu’une poignée de concerts à son actif, il est évident que le professionnalisme de chaque membre, ajoutée à la complicité qu’ils ont développée durant les tournées passées, garantissent leur pérennité et leur succès pour les années à venir. Nous n’avons qu’une hâte, maintenant : mettre la main au plus vite sur le premier album « In This Moment We Are Free – Cities » et savourer de nouveau leur musique en live en novembre prochain !
TOXIK | 13H35 – 14H25
Après cette belle interlude mélodique prog’, nous retournons au thrash, qui prédomine cette année. Contrairement aux deux premiers groupes, qui étaient pour la grande majorité d’entre nous des découvertes, TOXIK est bien connu des metalleux et des visiteurs plus âgés du Dynamo, puisqu’ils s’y sont déjà produits en… 1988 !
Difficile de trouver de l’originalité chez les Américains. Toutefois, les morceaux fonctionnent bien en festival, et la marée de fans se plait à chanter les titres de ces vétérans du thrash metal.
PRONG | 14H45 – 15H35
C’est sur une intro austère que PRONG prend place. Une fois encore, nous avons là un groupe qui par deux fois a vu son nom apparaître sur des affiches du festival (en 1992, et en 1994). Les changements de rythme, ainsi qu’un certain mélange des genres, rendent l’écoute des morceaux plus intéressante que la formation précédente.
Prong
ENTOMBED A.D. | 15H55 – 16H45
Créé suite au départ d’un membre fondateur d’ENTOMBED, qui, soit dit en passant, est apparu lors des éditions de 1997 et 2000 du Dynamo, le groupe de death metal originaire de Stockholm fait des heureux aujourd’hui, alors que les vieux titres de la formation originelle constituent 75% de la setlist. Seuls trois titres extraits des deux derniers albums « Back To The Front » (2014) et « Dead Dawn » (2016) sont joués.
EXODUS | 17H15 – 18H15
Le chanteur Steve Souza (qui, rappelons-le, a été le premier chanteur de TESTAMENT, groupe présent aujourd’hui !) ne manque pas de faire mention du passage d’EXODUS au Dynamo, il y a 29 ans de cela, lors de l’édition de 1988 !
Le chant criard du Monsieur ne convainc pas votre envoyée spéciale, bien que tout le monde ne soit pas de cet avis : la foule surexcitée s’adonne en effet à des slams devant les Californiens ! Du reste, c’est l’ambiance à laquelle nous avons droit durant l’heure de set d’EXODUS, mais aussi jusqu’à la fin du festival.
Exodus
DEVIN TOWNSEND PROJECT | 18H45 – 19H45
Changement de cap bienvenu avec le génie Devin Townsend et ses musiciens aguerris ! Juste avant le début, on constate d’ailleurs que les grands adeptes de thrash quittent la fosse pour laisser la place aux aficionados du metal prog’ du Canadien.
La setlist au Hellfest le mois dernier avait été quelque peu décevante, les titres issus du dernier album « Transcendence » (2016) ne convenant pas tout à fait à l’ambiance de festival. Si celle du Dynamo ne s’en éloigne pas tellement, nous avons néanmoins la chance d’assister à un événement relativement exceptionnel, à savoir : la participation d’Anneke Van Giersbergen sur la majeure partie du set !
Aujourd’hui, Devin semble plein d’énergie et transmet tout un tas d’émotions : de la rage à la sympathie, en passant par des petites moqueries vis à vis de la foule relativement calme (car concentrée sur le show), Devin centralise comme toujours l’attention, et fascine.
Devin Townsend
Rejoice et March Of The Poozers fonctionnent comme toujours à merveille, Deadhead frappe fort, et, après les avoir entendus deux fois en live, l’intensité de Stormbending et Failure finit par m’être acceptable ! Anneke rejoint Devin sur le fantastique Supercrush!, extrait du premier album du Canadien auquel elle ait participé, « Addicted! » (2009), pour une performance et une interprétation des plus remarquables. Personnellement, il s’agira du moment fort du festival, ayant une affection toute particulière pour ce morceau. Sur le deuxième couplet, le chanteur, comme pour lui faire la sérénade, s’agenouille face à la belle, et cette dernière aura du mal à retenir son sérieux…
Nous avons également droit à Grace, Higher et Kingdom, sur lequel les musiciens de première ligne, accompagnés par Anneke, exécutent la fameuse chorégraphie sur les blast beats de Ryan Van Poederooyen. Vous avez dit épique ?
Avant Grace, Devin fait passer un message rempli d’amour à l’audience de la part de tous les membres sur scène (entre deux « fuck » et « motherfucker », cela va de soi !). Cette heure passera à une allure folle, mais nous ressortons de là avec un sourire jusqu’aux oreilles.
TESTAMENT | 20H45 – 21H15
Prévus au départ pour une heure de concert, TESTAMENT fait les frais de soucis techniques : ils voient ainsi leur set retardé et réduit à 30 minutes seulement…
Le backdrop est du plus bel effet, et Chuck Billy au chant ne cache pas son enthousiasme. On ne peut s’empêcher de remarquer qu’il se plait aussi à effectuer quelques mouvements de « air guitar » avec son micro portable !
TESTAMENT remporte la palme du nombre de passages au Dynamo, puisqu’il s’agira cette année de leur 5e fois. Mentionnons également le fait qu’ils aient enregistré leur tout premier album live en 1987, lors de leur toute première visite ici… Autant dire que les Américains sont ici chez eux, et l’audience le leur rend bien !
Testament
GOJIRA | 21H45 – 23H00
Assister à la performance de GOJIRA depuis les gradins n’est pas été un mal, les Français ayant préparé un concert visuellement incroyable et explosif.
Ainsi, leur passage au Dynamo 2017 est marquant en tous points, avec, notamment, une succession de titres tous plus jouissifs et efficaces les uns que les autres (Silvera, Flying Whales et Vacuity, pour ne citer qu’eux), et qui conviennent parfaitement aux lumières exceptionnelles et aux effets pyrotechniques dont le groupe nous gratifie à profusion.
De loin, notre œil est indéniablement attiré par la bougeotte de Jean-Michel Labadie à la basse, qui paraît possédé par les compos. Durant Jam, Mario et Joe Duplantier, respectivement batteur et chanteur, échangent leur poste, faisant ainsi découvrir les grunts caverneux du batteur à la foule réjouie.
Joe, qui s’exprime dans un anglais parfait, n’oubliera pas de saluer en français les fans belges de GOJIRA, probablement présents en nombre aujourd’hui.
Gojira
Photos : Emilie Garcin