Cela faisait presque neuf ans qu’EPICA n’était plus revenu par chez nous ; en novembre 2005, le groupe, muni de deux albums seulement, visite pour la toute première fois nos contrées, plus précisément le Jas Rod des Pennes Mirabeau. Ils nous feront le plaisir de revenir moins de six mois après, cette fois dans Marseille même. Depuis, il aura fallu se rendre à Lyon ou Montpellier pour limiter les kilomètres et assister malgré tout à leurs performances. Ce grand retour dans le département sera d’ailleurs salué avec autant d’enthousiasme que la première fois !
Notons que DAGOBA, qui accompagne les hollandais dans leur périple européen depuis quelques dates déjà, joue à la maison ce soir. Et si le groupe marseillais sait comment mettre l’ambiance à chacun de leurs concerts, cette audience-là aura probablement battu tous les records ! Arrivée sur la toute fin de leur set (et très peu familière avec leur univers), je peux seulement parler de ce que j’ai vu à ce moment-là : le « circle pit » le plus étendu et le plus réussi qui soit ! Ainsi, un grand nombre de metalleux court en cercle en partant de la fosse jusqu’au fin fond de la salle… Cet engouement sera d’ailleurs acclamé par les deux groupes qui suivront, c’est dire !
Justement, les quatre musiciens quittent la scène pour laisser place à DRAGONFORCE. Même si le groupe possède technique et professionnalisme, les morceaux se suivent et se ressemblent, tout comme le jeu de scène des musiciens. On notera d’ailleurs l’attitude pour le moins étrange du claviériste aux allures de DJ de rave… qui dénote tout à fait avec le reste du groupe. Agaçante également la manie que Marc Hudson a de chanter haut perché le dernier mot de chacun de ses échanges avec le public… Malgré mon affection pour le metal mélodique dans son sens large, DRAGONFORCE ne parvient décidément pas à m’atteindre ! Ce n’est pas forcément le cas du reste de la foule, toujours très agitée, tandis que des spectateurs plus jeunes devant moi ressentent la performance à 110% !
Frédéric Leclercq, notre bassiste français, s’adressera à la foule pour présenter leur nouveau membre, à savoir : le batteur italien Gee Anzalone. Bien que d’origine londonienne, le groupe s’est clairement européanisé à travers les ans. Prions pour que cette diversité géographique inspire davantage la formation à l’avenir…
Les groupes sont pile à l’heure ce soir ; le concert de DRAGONFORCE s’achève, et nous n’avons pas le temps de nous impatienter. Après un rapide changement de plateau, l’intro d’EPICA résonne à nos oreilles avec, comme la tradition le veut, les membres qui entrent sur scène un à un. Tout de suite, on se rend compte d’un élément crucial : la qualité impressionnante du son et des lumières. Si les samples ont été réglés un peu trop fort, on parvient néanmoins à distinguer chaque instrument et chaque voix sans problème, ce qui, soit dit en passant, n’arrive que trop rarement. Quant aux lumières, elles n’ont jamais été aussi variées et aussi esthétiques que pendant cette tournée !
Au niveau de la setlist, EPICA est là avant tout pour promouvoir « The Quantum Enigma ». On se réjouit de la présence de The Second Stone et d’Unchain Utopia, qui passent décidément bien en live comme sur album, ou encore de la frénétique Victims Of Contingency, Et si aucun album n’est occulté, on ne compte par exemple qu’un titre du premier opus : l’éternelle Cry For The Moon, tellement jouée que notre Simone Simons a pris l’habitude de présenter les membres pendant un moment plus calme, et que, le temps d’une mesure, Ariën Van Weesenbeek varie le schéma rythmique, procurant au morceau un instant « zouk » des plus réussis ! Un exercice auquel EPICA s’est déjà adonné : on se souvient en effet de la version partiellement « disco » de The Phantom Agony, qui avait tendance à dynamiser les couplets, sans pour autant décrédibiliser le morceau.
Nous avons le plaisir de retrouver l’excellente Fools Of Damnation, ou encore Design Your Universe, morceau adoré de nombreux fans autant pour sa musique directe et émouvante que pour ses paroles pleines d’espoir. On remarquera que le groupe a fait l’impasse sur la traditionnelle ballade, ce qui, en soi, n’est pas dérangeant, lorsqu’on voit l’énergie de la foule et les pogos récurrents de la fosse. Simone fera d’ailleurs remarquer que « nous » sommes les meilleurs pogotteurs au monde ! Elle encourage la foule à continuer, sans toutefois aller jusqu’à se blesser. Quant à Mark Jansen, il demandera à deux reprises au public de faire un « wall of death »… Les pogos ne sont pas rares de la part des fans d’EPICA ; en revanche, les « wall of death » ne sont pas communs. À dire vrai, ils ne collent pas vraiment à l’atmosphère parfois agressive, mais non violente du groupe… N’est pas DAGOBA qui veut !
Sur Sancta Terra, autre composition jouée maintes fois pendant les tournées, Coen Janssen descend de son piédestal muni de son « curveboard », qu’il utilise depuis maintenant plus d’un an, et qui lui permet de rejoindre Mark, Isaac Delahaye et Rob Van Der Loo sur le devant de la scène.
Un mot sur l’interprète principale d’EPICA : ce soir, Simone est quasi irréprochable, que ce soit vocalement ou scéniquement. Depuis le début de la tournée, la chanteuse démontre un enthousiasme et un naturel qui font à plaisir à voir. Les headbangs font un retour en force, la voix ne faillit pas (malgré un manque de puissance sur les notes extrêmement aiguës, dont le dernier album est truffé), et les échanges avec le public sont nombreux : la chanteuse nous confie qu’elle doit son « huge ass » (en français, « gros cul » !) à son amour pour nos « chocolats d’éclair » ! Nous aurons également droit à un « Je vous aime » en français de sa part, ou encore d’un classique « vous êtes fantastiques ! ». Enfin, la complicité entre tous les membres n’est plus à prouver, et la chanteuse prend bien soin d’interagir avec chacun des musiciens.
Comme toujours au rappel, Coen vient nous faire un petit coucou avant l’arrivée des autres membres. Il nous demande si « ça va bien ? », avant d’avouer que douze ans de tournées dans notre pays n’ont pas plus amélioré son niveau en français… Le claviériste n’omet pas de mentionner l’énergie et le talent de DAGOBA – les Marseillais auraient donc réellement bluffé la tête d’affiche !
C’est avec toujours autant de splendeur et d’émotion qu’EPICA nous dit aurevoir sur Consign To Oblivion (pourvu que ce chef-d’œuvre soit à jamais leur morceau final !). Pendant l’intro, Coen joue discrètement l’air de La Marseillaise au piano, provoquant les applaudissements et les rires dans le public.
Ce qui constitue mon neuvième concert du groupe est une réussite. Au risque de sortir un cliché, EPICA, sans offrir de changement majeur à ses performances, est plus en forme que jamais et reprend du poil de la bête par rapport aux tournées de 2012. Le groupe se montre plus soudé, plus enthousiaste, plus vrai. Des qualités essentiels pour une formation avec un tel succès et une telle renommée. Bref, EPICA comme on les aime !
SETLIST
Originem (intro)
The Second Stone
The Essence Of Silence
Unleashed
Storm The Sorrow
Fools Of Damnation
Reverence
The Obsessive Devotion
Chemical Insomnia
Sancta Terra
Victims Of Contingency
Design Your Universe
RAPPEL
Cry For The Moon
Unchain Utopia
Consign To Oblivion