Après un premier jour de très bonne augure, suite des festivités avec les deuxième et troisième jours !
JOUR 2
Après une panne de réveille qui m’a fait rater les frenchies de BLACK BOMB A, le premier concert du jour restera hexagonal mais d’un style bien différent. Direction la Temple pour aller applaudir HANTAOMA. Je n’avais pas écouté le groupe depuis 15 ans et pensais qu’ils faisaient du black/pagan, autant vous dire que je ne suis pas un grand connaisseur du groupe. J’ai pourtant été franchement charmé par leur heavy/folk aussi entraînant que fort émotionnellement. L’une de mes belles (re)découvertes du week-end.
Je n’en dirais pas autant des ESKIMO CALLBOY. Non pas pour leur metal electro très radio friendly et leur look de poseur qui donnerait des boutons aux fans de black metal, mais plutôt pour le son catastrophique de leur prestation. Si j’aime plutôt bien le groupe sur album, j’ai à peine reconnu les titres tant on a plutôt eu droit à une bouillie sonore qu’à un vrai concert. Dommage car les gars se donnent et l’ambiance est bien chaude.
L’occasion de parler de ce fameux son qui aura vraiment été un souci récurrent lors du weekend, notamment en Main Stage. Trop fort, trop faible, trop brouillon, trop de basse… Une multiplicité de problème mais un même résultat : des concerts parfois ratés.
Heureusement l’Altar aura été souvent épargné, et les français de PSYKUP bénéficient eux d’un son de qualité. 40 minutes pour prouver qu’ils sont bel et bien l’un des groupes français les plus solides du circuit !
Direction ensuite la Valley pour l’une des curiosités du week-end avec les américains de H09909. Malgré une solide réputation dans les milieux underground et encensé par la presse branchée, je dois bien reconnaître que leur show m’a laissé de marbre. Un peu brouillon malgré une grosse énergie, le manque d’un vrai groupe m’a un peu gêné, de même que l’aspect répétitif de leurs compo. Petite déception pour un groupe que je tenais à découvrir en live.
Autre groupe que je n’avais jamais vu en live, place à BULLET FOR MY VALENTINE. J’ai grandi avec eux, c’est donc un vrai plaisir de retrouver leurs innombrables tubes imparables comme The Last Fight ou Tears Don’t Fall. Seule ombre au tableau, les titres du nouvel album qui, à l’exception de Don’t Need You, sont de vraies catastrophes. Rien de surprenant, ce « Gravity » étant une sombre merde.
Heureusement, le groupe dispose d’assez de titres solides pour sauver son set et fait le boulot avec entrain. C’est également l’occasion de réaliser un fait que j’ignorais : le bassiste Jamie Mathias chante (nettement) mieux que Matt Tuck. La différence en live est flagrante et clairement pas à l’avantage du frontman, que ce soit en chant clair ou en growl.
Autre Main Stage, autre ambiance. Après le metal propret des gallois, place au rap metal crasseux et engagé de BODY COUNT. Deux solides albums ces trois dernières années, et j’avais hâte de les voir en live après un effort à moitié avorté sur la Warzone il y a deux ans. Cette fois-ci point de problème de place. La foule est même plutôt clairsemée mais bouillante pour accueillir les américains !
Malheureusement, c’est une semi déception qui m’attend. A un son faiblard s’ajoute un choix de chanson discutable et surtout deux événements humains qui m’ont un peu agacé.
1/ Un discours engagé sur l’absurdité du racisme et un plaidoyer sur l’égalité entre les hommes… pour 4 minutes plus tard se plaindre de la « pussyfication » du genre masculin. Peut-être était-ce du second degré ? Espérons. Maladroit en tout cas.
2/ Amener sa fille de 2 ans sur scène pour la présenter au public, c’est relou mais c’est choux. La laisser 5 minutes sans protection auditive devant des murs d’enceinte, c’est franchement irresponsable.
En bref : un groupe énorme, faisant une prestation de qualité malgré un son moyen, gâchant en partie son concert par des intervention franchement discutables.
Ce genre de problème ne devrait pas arriver avec CHILDREN OF BODOM. Il fut un temps où le groupe régnait presque en maître sur le death mélodique. Aujourd’hui, les finlandais n’ont même plus les honneurs de la Main Stage et doivent se contenter de l’Altar. C’est malheureusement ce qui arrive lorsqu’on sort des albums de merde pendant 10 ans. Et le groupe semble l’avoir compris car le set est presque exclusivement axé sur des titres pré « Bloodrunk ». Malgré un son pas incroyable, le groupe est énergique et dispose de tellement de tubes que les fans ne peuvent être que comblés.
Children of Bodom
Autre ancienne gloire avec les désormais vétérans de LIMP BIZKIT. J’ai entendu pas mal de commentaires négatifs sur leur prestation tout au long du week-end. « Fan service », « minimum syndical », « Je-m’en-foutisme absolu »… Soit. Mais quelle énergie!
OK le groupe s’est contenté de jouer ses 5 plus gros tubes et de passer des disques, mais niveau ambiance on a pas vu beaucoup plus chaud sur la Main Stage de tout le weekend ! Fred Durst, qui semble avoir un peu dégonflé son boulard, reste un frontman ultra solide capable de réveiller n’importe quelle foule.
Impasse quasi complète sur le set de AVENGED SEVENFOLD, préférant aller jeter une oreille sur le death metal de NILE. Un déferlement de brutalité comme seules les américains en ont le secret. Le groupe bénéficie d’un son énorme, pour une fois pas saturé en basses. Peu de death pour moi jusque là, et donc un vrai plaisir d’en prendre plein la gueule !
Nile
Fin de la journée sous le signe du metalcore. C’est désormais aux australiens de PARKWAY DRIVE d’envahir la scène principale. On leur a beaucoup reproché leur orientation « metal de stade » depuis deux albums, malgré les qualités indéniables du groupe dans cet exercice. Et c’est bien en live que la démarche prend tout son sens. C’est bien simple, chaque titre joué est un hymne en puissance, propre à ravager le plus amorphe des pits. Dedicated, Bottom Feeder, Prey ou bien entendu l’immense Crushed sont autant de titres taillés pour la scène qui ont enflammé une foule pourtant clairsemée.
Un mot également sur la prestation monstrueuse de Winston McCall, qui pourrait donner des cours de growl à un paquet de hurleurs du circuit !
JOUR 3
On commence en douceur avec le heavy metal sans surprise mais carré de PRIMAL FEAR. Je tenais également à voir le heavy-rock mainstream et efficace de SHINEDOWN. Sans casser des briques, le groupe fait le boulot et donne un peu d’énergie à un pit qui ne demandait que ça malgré la chaleur devenant étouffante.
Une excellente raison pour aller se mettre à l’ombre de la Valley, pour un de ces moments qui font tout le sel des festivals. Une belle découverte comme on les aime avec GRAVE PLEASURES que je ne connaissais que de nom. La grande mélancolie de leurs compos, pourtant très immédiates, prend sincèrement aux tripes pour ne plus vous lâcher.
Après un petit détour par le coin VIP pour une rencontre trop longtemps repoussée avec des confrères, me revoilà devant la Main Stage pour le set très attendu de Iced Earth. J’ai redécouvert le groupe cette année et après avoir bien poncé leurs albums, j’attendais avec impatience ce show.
La déception fut à la hauteur de l’attente puisque je n’ai quasiment rien entendu. Le groupe aurait joué sans chanteur qu’il n’y aurait pas eu de différence tant le pauvre Stu Block était sous-mixé. Un son franchement indigent pour un groupe de cette stature.
Malheureusement, les KILLSWITCH ENGAGE qui ont pris la suite sur la grande scène ont eu, eux aussi, des problèmes de son. La basse, trop forte, a littéralement écrasé les guitares dont aucun solo ne fut audible. Petite consolation avec le chant de Jesse Leach à la hauteur, malgré tout le mal que j’avais pu entendre sur ses prestations scéniques.
Deux attentes, deux déceptions. Je craignais donc beaucoup pour le prochain set. Il s’agissait en plus de ne pas se tromper puisqu’en même temps jouaient MEGADETH, BARONESS et AMORPHIS. Mon choix s’est porté sur les finlandais que je n’avais jamais vu en live, ratant au passage un set unplugged inattendu de BARONESS que la rumeur a décrit comme « légendaire ».
Aucun regret cependant tant le groupe fut à la hauteur de sa réputation, bien aidé par un son enfin impeccable. Techniquement au-dessus du lot, le groupe a enchaîné les tubes poignants, menés de main de maître par la voix extraordinaire de Tomi Joutsen. Une vrai leçon de musicalité lors de l’un des meilleurs concerts du week-end.
Dernier concert, et pas des moindres, avant les têtes d’affiche du jour : SEPTIC FLESH. J’avais écris en ces pages tout le bien que je pensais de leur dernier album « Codex Omega », force est de constater que l’album est tout aussi jouissif en live. Certains leur reprocheront certainement un goût un peu trop prononcé pour le grandiloquent, je trouve au-contraire que cela fait leur force. Gros set des grecs qui m’ont préparé avec brio pour le main event du festival.
Septic Flesh
Car ce sont maintenant les légendaires IRON MAIDEN qui envahissent la scène.
Qu’en dire? Tout ou presque a déjà été écrit sur les prestations scéniques des anglais. Sur leurs décors travaillés et évolutifs au gré du show. Sur l’énergie débordante de Dickinson. Sur leurs tubes intemporels qu’on écoute toujours avec autant de plaisir.
Je ne surprendrai personne en disant que IRON MAIDEN a livré un très bon concert comme seuls eux en sont capables.
Evidemment, leurs die-hard fans étaient là depuis 9h du mat en nombre. Bien sûr le concert s’est apprécié à 100 mètres de distance au vu de la foule ultra dense. Certes, certains éléments de scénographie étaient déjà vus.
Mais une telle envie, une telle énergie, une telle classe après 40 ans de carrières, ça force le respect.
Iron Maiden
Dur d’enchaîner après un show pareil, c’est pourtant ce qu’a essayé de faire le pauvre MARILYN MANSON, qui est définitivement devenu l’ombre de lui-même. Un chant poussif, des pauses interminables entre les chansons et un répertoire de tube qui a vieilli, le pauvre fait pâle figure. Restent quelques titres efficaces comme The New Shit pour nous faire bouger la tête, et le recours putassier aux seins généreux des spectatrices pour amener sur scène une animation qu’il est désormais bien incapable de générer lui-même.
On aurait aimé terminer sur une meilleure note un festival pourtant réussi dans l’ensemble ! Sans être la meilleure édition, ce 13ème Hellfest, malgré des problèmes de son récurrent, aura tout de même présenté une organisation sans faille et quelques moments d’anthologie.
Je l’ai déjà écrit l’année dernière mais c’est encore plus vrai cette année : le Hellfest a transcendé sa condition de festival pour devenir un véritable événement populaire. Finalement, la qualité des concerts, bien qu’essentielle, n’est plus vraiment centrale. Les gens ne viennent désormais plus pour les groupes, mais pour le festival en lui-même.
Certains penseront qu’il a définitivement perdu son âme. Ces gens là ont de toute façon déserté le festival il y a déjà des années. Les autres continueront à venir, quelle que soit la programmation, pour son ambiance unique qui en a fait un rassemblement majeur de la scène européenne.
Pour ma part, je le dis sans hésiter : vivement l’édition 2019.
Photos : Julien Zannoni