Il y a deux semaines, l’une des meilleures formations de notre décennie était de retour dans la Capitale, sept mois seulement après son set « aléatoire » au Heart Sound Festival. Dans la sublime salle du Cabaret Sauvage, LEPROUS n’a cessé de nous enchanter grâce à ses compos’ uniques, l’intensité de sa performance et, bien sûr, un talent qui n’est plus à prouver. Mieux encore : il semblerait que les Norvégiens fassent l’unanimité, et qu’il soit inconcevable de sortir de là avec un avis négatif…
Le groupe a tapé fort sur tous les points : enfin des lumières vraiment élégantes et mises à l’honneur ! Enfin un son limpide où chaque élément avait sa place ! Enfin des membres de plus en plus acteurs de leur propre show, avec un Einar qui ENFIN n’hésite plus à nous faire profiter de son humour pince-sans-rires ! Le chanteur nous a expliqué que son manque de communication lui avait été reproché sur les dernières tournées, et il avait alors promis de fournir un effort à ce niveau… A voir la foule qui n’a pas cessé de boire ses paroles, sacrifier son énigmatique silence en valait la peine.
Parmi les nouveautés, on a noté avec satisfaction des changements de poste ponctuels : ainsi, Simen, Tor et Øystein ont tous occupé les claviers à un moment ou à un autre du set. Einar a pris soin de le souligner, en ajoutant qu’ils méritaient d’être acclamés pour cet effort, contrairement à Baard et lui-même, puisqu’ils « ne font rien de plus que ce qu’ils font habituellement » ! Blague à part, cette pratique du groupe a permis au chanteur (qui, on le rappelle, est également claviériste) de quitter son immobilisme forcé et multiplier ses déplacements, créant ainsi une meilleure interaction avec le public.
On a également eu droit à plusieurs belles transitions ambiantes liant les morceaux, ainsi qu’un écran au fond de la scène qui n’accaparait pas notre vision, le tout devant un public parisien bien échauffé.
Enfin, il va de soi que la setlist ne pouvait pas être décevante, étant donné la qualité du tout nouvel album » Pitfalls « . Des sept titres joués, on retient avant tout le puissant At The Bottom qui, entre douceur extrême et hargne irrésistible, nous a littéralement cloué sur place, sans compter le solo de violoncelle par Raphaël Weinroth-Browne, qui, pour ce passage, a pris position au centre de la scène. On se voit également transcendé par le très nuancé Distant Bells, où la performance passionné d’Einar a dépassé notre entendement !
Au contraire, on tombe dans un minimalisme scintillant avec Observe The Train, durant lequel le public a accordé un silence quasi-total aux Norvégiens. En revanche, I Lose Hope aurait eu un impact plus important s’il avait été joué plus tard dans le set, voire même remplacé par un Foreigner plus punchy, ou un By My Throne plus groovy… Mais loin de nous l’idée de faire un caprice à ce niveau !
Malgré leur attachement à « Pitfalls », LEPROUS a quand même fait honneur aux trois albums précédents, avec les désormais incontournables The Price ou From The Flame, ou encore Third Law et Foe, percutants à souhait. Et toujours, l’impasse est faite sur « Bilateral » (2011) et « Tall Poppy Syndrome » (2009). Mais la pilule passe bien, dans la mesure où chaque album de leur carrière est un chef d’oeuvre, rien de moins !
Pour tout rappel, un seul titre. Mais quel titre : le groupe nous a offerts un final apocalyptique avec The Sky Is Red, où les membres, plongés dans une lumière rouge forcément appropriée, se sont alignés face au public en s’acharnant sur leurs instruments… Waouh !
LEPROUS a donc peaufiné ses atouts et comblé ses anciennes petites « lacunes », pour nous offrir un show où on n’a rien trouvé à redire, et où on a eu, une fois de plus, les émotions à fleur de peau.
Si ces garçons n’existaient pas, on aurait pour tâche ultime de les inventer !
Photos : Emilie Garcin (à Lyon, le 13/11)