Je dois bien admettre que le metal folk n’est pas franchement mon style de prédilection,
Evidemment, le genre est tellement large qu’il est difficile de le détester en bloc, et l’on peut à la fois abhorrer ALESTORM et déifier PRIMORDIAL (c’est du moins mon cas).
Mais dans le populaire style « metal à biniou », les têtes d’affiche comme ENSIFERUM, TURISAS ou FINNTROLL me laissent franchement de marbre. Mes griefs sont assez clairs : un manque de simplicité dommageable, ainsi qu’une tendance à cacher des faiblesses de composition derrière moult artifices.
J’admets donc en écouter très peu, me contentant de poser une oreille dessus en festival quand j’ai envie d’un truc léger et joyeux.
Au milieu de ce marasme, quelques groupes trouvent tout de même grâce à mes yeux. Je pourrais citer HANTAOMA par exemple… Ou MANEGARM.
Depuis ses débuts, le groupe a toujours eu ce petit supplément d’âme qui fait la différence, ainsi qu’une qualité d’écriture intégrant réellement les éléments folk. Point d’instruments juxtaposés sans structure chez eux, leur musique a toujours été un ensemble cohérent générant une relative sobriété.
Des qualités que l’on espérait présentes sur ce dixième album des suédois : elles le seront.
Pas de changement radical, le groupe continue sur la lancée des albums précédents mais en présente ici une sorte de synthèse.
Les titres heavy, rapides et ultra catchy côtoient des titres plus lourds (« Spjutbädden »), acoustiques (« Dödskvädet »), mais aussi et surtout des morceaux plus profonds et travaillés (« Krakes Sista Strid », « Ett Sista Farväl »).
Si tout est plutôt bon sur Fornaldarsagor, c’est sans aucun doute sur ces derniers que le groupe excelle et nous transporte à grand renfort d’instruments traditionnels, choeurs guerriers et chants féminins éthérés.
Sans en faire des tonnes, MANEGARM sait donner un véritable souffle épique à ses compos, distillant au passage une mélancolie parfois poignante.
Pour un peu, on quitterait tout pour partir piller des contrées lointaines, fracasser des crânes de guerriers à la hache, puis rentrer à bord de son drakkar en rêvant au moment où l’on ferait l’amour à sa douce sur une peau de bête au coin du feu.
Cette invitation au voyage est portée par la voix d’Erik Jurken Grawsiö dont le chant magistral véhicule une grande émotion. A n’en point douter un vrai point fort du combo.
Les refrains de « Ett sista farväl » ou « Sveablotet » sont par exemple beaux à pleurer. Mais on aurait presque pu tous les citer tant chaque mélodie fait mouche.
C’est finalement quand le groupe se fait plus léger et catchy qu’il est moins convainquant. S’ils sont plutôt bons, « Hervors Arv » ou « Tvenne Drömmar » restent des titres plus convenus où la puissance émotionnelle est très nettement inférieure.
Pour un dixième album, Fornaldarsagor reste tout de même à un niveau plus que très satisfaisant !
En faisant la part belle aux mélodies épiques et à l’émotion, le groupe nous livre un album à nouveau très abouti qui saura ravir tous les fans du genre, et même au-delà. Pour un peu que le folk vous ait parlé un jour, je ne peux que vous conseiller de poser une oreille sur cet album qui, à défaut de vous surprendre par son originalité, pourrait bien y parvenir par sa qualité.