MAYAN est un groupe de death metal symphonique créé par Mark Jansen (illustre guitariste, compositeur et créateur d’EPICA), Jack Driessen (ex-claviériste d’AFTER FOREVER) et Frank Schiphorst. Le trio de tête est rejoint par Rob Van Der Loo à la basse, Isaac Delahaye aux guitares et Ariën Van Weesenbeek à la batterie. Leur premier album, « Quarterpast », est sorti le 20 mai dernier.
Tout d’abord annoncé comme du death metal qui transcenderait les parties les plus heavy d’EPICA, force est de constater que MAYAN se rapproche aussi beaucoup de la formation créée par Mark Jansen il y a de ça presque neuf ans, notamment de par son aspect symphonique revendiqué, mais aussi de par la présence de Simone Simons (chanteuse d’EPICA) en tant que guest, et celles d’Ariën Van Weesenbeek et Isaac Delahaye, tout deux membres du groupe depuis quelques années. Ainsi, si l’annonce du style de MAYAN a fait peur à beaucoup de fans d’EPICA, la violence est élégamment contrebalancée par des parties symphoniques qui séduiront ces fans.
Qui connaît EPICA connaîtra forcément la majorité des invités qui prêtent leur voix à l’opus : outre Simone Simons, on retrouve Floor Jansen, chanteuse de REVAMP et ex-chanteuse d’AFTER FOREVER (qui avait été co-fondé, ne l’oublions pas, par Mark lui-même), et Henning Basse, chanteur de SONS OF SEASONS qui a plusieurs fois assuré la première partie d’EPICA. Seule Laura Macrì, chanteuse d’Opéra italienne tout juste âgée de vingt ans, offre une nouveauté à l’univers de Mark.
L’opus démarre sur une avalanche dissonante de riffs alliée à une ambiance symphonique horrifique, avant que la batterie ne s’accélère et que les riffs de guitares ne fassent clairement ressentir leur présence. Dès les premières notes de Symphony of Aggression, on a une idée de ce que MAYAN compte nous offrir : une musique libérée de toute contrainte, teintée d’audace et de subtilités, et qui nécessitera au moins trois ou quatre écoutes avant que l’auditeur ne se l’approprie vraiment.
Tout au long de « Quarterpast », on apprécie les apparitions de chaque chanteur, dont le groupe a su exploiter chaque voix avec brio : ainsi, dès le premier titre, Floor Jansen déploie toute sa puissance de sa voix rageuse, alors que les voix en chœur de Simone Simons et d’Henning Basse offrent une beauté sans pareille. C’est sur Mainstay of Society, teintée de sonorités arabisantes (et qui, dans sa globalité, rappelle fortement l’album « Decipher » d’AFTER FOREVER), que la voix chaude et sombre de Simone, utilisée avec simplicité, est la plus appréciable, alors qu’elle incarne une puissance inévitable sur ce titre qui dénonce la corruption. En ce qui concerne Henning, le chanteur démontre ses nombreuses techniques sur pas de moins de six titres, et offre tantôt de la puissance sur Bite the Bullet, tantôt une voix douce et torturée sur Course of Life ou encore quelques cris déchirants sur Celibate Aphrodite. Quant à Laura, on la retrouvera à trois reprises pour des passages lyriques en italien, notamment sur Essenza Di Te, court mais intense morceau classique (et seul vrai moment calme de l’album) dont elle a elle-même écrit les paroles.
Si l’aspect symphonique est loin d’être négligé, le death metal promis par Mark se fait de nombreuses fois remarquer : ainsi, The Savage Massacre revendique ses guitares lourdes et ses passages speed de batterie, alors que sur Celibate Aphrodite, la violence des grunts et des instruments est d’autant plus notable, à peine radoucie par la brève prestation opératique de Laura. Enfin, dans War on Terror, l’intro énigmatique s’oppose à la brutalité évidente et soudaine qui fait de lui le morceau le plus extrême de l’album.
L’interlude Quarterpast offre une inquiétante ambiance de film à suspense où interviennent des chœurs d’enfants, presque fantomatiques, avant d’amener à l’une des pièces maîtresses de l’album, longue de 6 minutes, Course of Life. C’est sur le refrain de ce morceau que Jack Driessen intervient de ses cris aigus sur son de double pédale tonitruante. Floor et Henning ne sont pas non plus en reste et accompagnent avec harmonie les grunts maîtrisés de Mark.
Le titre qui sera probablement le plus facile à assimiler est Drown the Demon, qui est aussi le premier morceau que les fans ont eu l’opportunité d’entendre avant la sortie de « Quarterpast » : on y trouve un équilibre grunt / chant féminin, avec un duo entre Simone Simons et Floor Jansen des plus remarquables, tant la douceur de la première se complète à la puissance de la seconde.
Certains se rappellent sans doute que Sander Gommans, ex-guitariste d’AFTER FOREVER, faisait initialement partie du projet. Si des raisons inconnues l’ont poussé à abandonner l’aventure, on le retrouve tout de même crédité pour la composition de Bite the Bullet ; et ses influences ne passent pas inaperçu, si on ajoute à cela la voix très présente de Floor, ce qui pourrait très bien faire passer le titre pour une composition signée AFTER FOREVER !
La mystérieuse interlude Tithe, qui prolonge le thème principal de War on Terror, introduit le dernier titre, Sinner’s Last Retreat, indiqué à tort en tant que Bonustrack ; en effet, ce titre long de plus de 8 minutes, qui rappelle EPICA plus que tout autre, est précisément l’un des morceaux sur lequel l’auditeur, avide de découvrir le groupe, devra se pencher. Sinner’s Last Retreat ne cesse de nous surprendre et nous laisse à peine le temps de reprendre notre souffle. Ce morceau final, qui présente une variété sans pareil d’une minute à l’autre, est la preuve de la richesse de cet album et des secrets qu’il recèle.
Pour finir, à la question « Est-ce que les fans d’EPICA peuvent aimer MAYAN ? », je réponds oui, car les influences Metal et symphonique de Mark Jansen sont à coup sûr exploitées. À la remarque « MAYAN ressemble trop à EPICA« , je dis que le premier explore des horizons qu’il serait difficile pour le second d’explorer, tout comme je perçois une évolution dans les passages instrumentaux, comme si une barrière, infranchissable pour EPICA, avait été franchie par MAYAN.