Un an seulement après le très bon « Desert Call », notre voyage dans les contrées désertiques – mais pas moins riches de l’univers de MYRATH continue avec « Tales of the Sands », qui sortira chez nous lundi prochain.
A première écoute, un fait indéniable s’impose : le groupe tunisien est resté fidèle à sa double identité musicale et lui offre une équité parfaite. D’une part, les sonorités orientales sont plus présentes que jamais. Elle se manifestent tantôt par la voix exceptionnelle de Zaher Zorgati, tantôt par l’instrumentalisation, et ressortent toujours plus dans chacun des titres ; d’autre part, les guitares de Malek Ben Arbia sont à plusieurs reprises employées dans toute leur splendeur, que ce soit pour des riffs très Heavy ou des solos techniques.
Aussi, d’une manière générale, la durée des morceaux est plus courte que ce à quoi nous avait habitué MYRATH ; on n’excède jamais 5:25 mn, alors que certaines compositions dépassaient autrefois les 10 mn. De ce fait, les structures des titres sont beaucoup plus classiques qu’avant, et tendent à s’éloigner du metal progressif cher au groupe, bien que les ponts demeurent complexes.
L’opus commence par des riffs brutaux menés par des percussions et violons orientaux, le tout illustré par une lointaine voix féminine (qui n’est autre que celle de Clémentine Delauney, chanteuse du groupe français WHYZDOM). Que ce soit dans le refrain ou dans les couplets, le jeu de batterie de Piwee Desfray, nouveau batteur du groupe, est judicieusement étudié, et soutient la mélodie avec brio lorsque les guitares se font plus discrètes. Quant à la voix du chanteur, elle est double, comme désincarnée, et n’est pas sans rappeler la voix du groupe américain KAMELOT. Dès le début, on note que la production de l’album frôle la perfection; rien n’est laissé au hasard, et chaque instrument trouve sa place pour enrichir une à une les compositions.
Le morceau éponyme – Tales of the Sands, porte largement l’empreinte traditionnelle du groupe avec ses paroles en arabe et un refrain très dansant. Sour Sigh démarre sur une intro planante de violon et de piano, constituant un rare moment de répit sur cet album très énergique qui ne comporte aucune ballade.
À l’inverse, Dawn Within débute sur quelques secondes évoquant du Thrash, surprenant l’auditeur en cours d’écoute ! Toutefois, cela ne durera pas, et on déplore le fait que l’originalité n’ait pas été davantage développée au sein-même de la chanson.
Wide Shut est certainement le morceau le moins accessible de tous, malgré un refrain très mélodique : guitares et violons chantent en chœur sur une rythmique déroutante et ne cèdent aucun répit à l’auditeur. Encore une fois, les samples peuvent rappeler KAMELOT ; le solo de guitare est suivi de sons électroniques qui reviennent sur le titre suivant, Requiem for a Goodbye. Ce morceau comporte une fois encore quelques vocalises féminines, quoiqu’en retrait.
Beyond the Stars délivre un refrain très dynamique avec ses paroles en arabe et son violon en arrière-plan, et des couplets dotés d’une rythmique et de percussions orientales. Le pont laisse place à un calme solo de violon, avant que la batterie ne reprenne du service. Définitivement un morceau-phare de l’opus.
Enfin, Time to Grow, bien que placé en dernière position, arrive comme un cheveu sur la soupe avec son côté Rock typique des groupes de la décennie 1980, dépourvu de toute influence orientale.
Il est juste d’affirmer que ce qui avaient aimé les albums précédents trouveront leur compte ; l’esprit de l’Orient est bel et bien parmi nous, et se modernise à l’aide de sons lourds pour une association plus que satisfaisante et dynamique. Malgré tout, bien qu’il possède cette particularité qui nous est précieuse, MYRATH devra ne pas se conforter dans ses habitudes et sera amené à faire preuve de plus d’audace pour leur prochaine production.