(Retrouvez le live report de la deuxième journée !)
Dès le départ, le Prognosis Festival promettait de nous en mettre plein les oreilles pour sa toute première édition, avec des noms comme THE GATHERING, LEPROUS, HAKEN ou encore TESSERACT et GREEN CARNATION… Par la suite, avec l’annulation d’OUR OCEANS, ce n’est nul autre que l’incontournable Devin Townsend qui s’est vu prendre la tête du samedi pour les remplacer ! Nous n’avions guère besoin d’arguments supplémentaires pour faire le déplacement. Et nous n’étions pas au bout de nos surprises…
2 LIEUX, 4 SALLES, BEAUCOUP DE MONDE…
Le festival s’est déroulé au Dynamo et à l’Effenaar, 2 sites emblématiques du centre-ville d’Eindhoven (Pays-Bas) séparés par 600 m de distance, permettant ainsi aux festivaliers de se mouvoir de l’un à l’autre sans trop de difficulté.
Si le Dynamo offrait un lieu adéquat pour les « clinics » et conférences (nous reviendrons sur ce point plus tard), les salles de l’Effenaar ont eu du mal à accueillir la totalité des spectateurs le vendredi, qui affichait complet – et c’est là que le Prognosis devra sérieusement réfléchir à une amélioration l’année prochaine : la petite salle (« small stage ») s’est en effet tellement remplie pour SOEN le vendredi soir qu’il a été impossible pour tout le monde d’y accéder. Les spectateurs ont envahi le hall d’entrée dans l’espoir d’entrer, mais la plupart ont dû tout simplement abandonner.
Sans compter que les passages se superposaient et, de fait, ne donnaient pas la possibilité aux festivaliers d’espérer assister à tout. On ne parle pas ici du Hellfest ou du Wacken, avec leurs 150 groupes en 3 jours, mais de 17 groupes en 2 jours, nous forçant pourtant à faire des choix et à louper un certain nombre de bonnes performances. Clairement, le lancement du festival aurait pu se faire aux alentours de 14 h ou 15 h, au lieu de 18 h !
Golden Caves
Malgré cela, les bons points accumulés par le PROGNOSIS pour son inauguration sont innombrables : aucun retard à déplorer dans les performances, des lumières convenables et un son très satisfaisant dans l’ensemble, des toilettes propres et modernes…
En plus des 4 ou 5 buvettes entourant la grande salle à l’étage, les festivaliers pouvaient venir se restaurer et se reposer dans un grand bar au rez-de-chaussée, même si nous manquions de tables et de chaises sur les heures de repas.
En revanche, si la sécurité nous a plutôt bien accueillis, ils nous ont catégoriquement refusé l’accès de la petite salle avec un sac à dos, nous obligeant à l’abandonner dans des casiers payants… Et à 1 € le casier à chaque ouverture, il vaut mieux n’y avoir rien oublié !
UN FESTIVAL STUDIEUX !
Comme nous le mentionnions plus haut, les organisateurs ne se sont pas limités au festival seul et ont vu les choses en grand : après inscription préalable, les spectateurs avaient en effet la possibilité d’assister à des conférences le vendredi matin animée par des acteurs de la scène prog et de l’industrie, agissant dans l’ombre ou dans la lumière, pour un tête à tête aussi intéressant qu’exclusif. Et ce, pour la modique somme de 10 € en plus du billet, ce qui est plus qu’honnête étant donné les invités de marque et les moyens mis en place pour le bon déroulement de l’événement.
La « mainstage » au Dynamo consacrée à une partie des conférences
Sont notamment intervenus Anneke van Giersbergen, qui a partagé des anecdotes de sa carrière, Devin Townsend et son manager Andy Farrow afin d’aborder leur relation professionnelle, Jerry Ewing (rédacteur en chef de Prog Magazine) qui est revenu sur la création du magazine, et Julia Frank (tour manager à Wizard Promotions) et Haydn Britland (booker de NMC) qui ont été interrogés sur la mise en œuvre d’une tournée.
Contrairement à l’Effenaar, le Dynamo a pu accueillir tout le monde dans une grande salle et une plus petite, pour sa part en sous-sol. Il faut dire que les festivaliers désireux d’accéder à ces événements exclusifs n’étaient pas aussi nombreux qu’escompté… Espérons que les retours donnés par les participants donneront envie à d’autres de s’inscrire l’année prochaine afin qu’ils soient reconduits.
Anneke van Giersbergen dans la « small stage » en conférence « cosy » au Prognosis 2019 !
Mais ce n’est pas tout : les matinées nous donnaient l’occasion de participer à des ateliers (« clinics ») menés par, une fois de plus, Devin Townsend et Anneke van Giersbergen (la chanteuse vit à Eindhoven et venait de terminer sa tournée acoustique aux Pays-Bas. Reportage à paraître bientôt !), ou encore Baard Kolstad (LEPROUS) afin d’en apprendre davantage sur leurs instruments respectifs et leurs diverses expériences. Comme la conférence le vendredi matin, l’accès à chacun de ces ateliers était pour la plupart payant, mais à 12,50 € ou 15 € l’atelier, on n’a pas non plus hésité à se faire plaisir !
Inutile d’ajouter qu’il fallait bien un festival de musique prog’ pour développer ce genre de choses et avoir la certitude que cela intéresserait les fans du style…
Devin Townsend
VENDREDI 22 MARS, JOUR 1
Pour leur set spécial « auto reverse », concocté à l’occasion de leur 30e anniversaire, THE GATHERING nous offre une setlist aux petits oignons. A leur arrivée sur scène, face à la foule déjà bien dense, René, Hugo, Frank et Hans sont acclamés lors de la longue intro instrumentale (How To Measure A Planet?), tandis que des images d’engins spatiaux défilent derrière eux… C’est planant, et on aime ça !
Silje Wergeland, infatigablement surnommée « nouvelle chanteuse » par certains adeptes, malgré ses dix ans d’ancienneté, fait son entrée en scène pour l’excellente Probably Built In The Fifties. Malheureusement, le chant n’est pas aussi audible qu’on le souhaiterait depuis le deuxième rang. Ce manque sonore sera à déplorer sur la grande majorité du set, notamment sur Heroes For Ghosts, où le chant est relativement central… En revanche, la guitare est bien audible et prend parfois le dessus sur le reste.
The Gathering
Ce qui nous décevra davantage, c’est le manque cruel d’énergie sur scène, en dépit de cette setlist réjouissante : les interventions de Silje peinent à engager l’audience, et le reste du groupe est encore plus effacé. Heureusement que la folle thérémine de René nous réveille sur I Can See Four Miles, le meilleur titre de la période post-Anneke (avec Heroes For Ghosts). Les feux d’artifice qui passent sur les écrans illustrent plutôt bien les émotions que ce morceau incroyable procure !
Au passage, nous savourons les surprises que sont Analog Park et Great Ocean Road, ou encore les « tubesques » Paper Waves, Broken Glass et Eleanor : cette dernière apporte LA touche metal et énergique du set, et les premiers rangs s’agitent enfin.
THE GATHERING quitte la scène le sourire aux lèvres en nous laissant un sentiment, certes plus doux qu’amer… Mais on est loin de leur remarquable performance pour leurs 25 ans à Nijmegen !
Évidemment, beaucoup espéraient voir Anneke aux côtés de son ancien groupe, dans la mesure où elle était invitée dans le cadre des conférences et ses clinics… Il n’en sera rien, hélas !
The Gathering
LEPROUS, mainstage, 20H45 – 22H15
Pour ne pas louper une miette des premiers concerts qui se jouent à la « main », nous ratons malheureusement WHEEL, JO QUAIL et ALEX SKOLNIK TRIO sur la « small ». Mais impossible de manquer ce qui se passe en haut !
Après quelques derniers « soundchecks » gérés par les membres eux-mêmes (et pendant lesquels les fans ont manifesté leur impatience !), LEPROUS démarre son set spécial « The Congregation », joué en entier ce soir. On a le plaisir de réentendre l’énergie de The Price, la batterie cognante de Third Law, la puissance monumentale de Rewind, ou encore le contraste entre les différents segments de The Flood. Et tout du long, les vocalises caractéristiques du groupe sont reprises (voire même hurlées !) par le public à l’unisson !
Leprous
A n’en pas douter, certains passages de « The Congregation » peu interprétés en live par le passé méritaient vraiment d’être mis en avant, à l’instar de la folie inhérente de Red, que l’on doit essentiellement aux guitares de Tor et Øystein. Ces derniers nous font comme à leur habitude profiter de leur technique, comme sur Slave. Mais c’est l’incroyable Baard, sur lequel nous avons une vue irréprochable (et c’est assez rare pour le souligner) qui nous bluffe toujours plus ! Le batteur vole la vedette à ses compagnons d’arme sur Moon et Within My Fence, encore jamais joué auparavant.
Einar, focalisé dans sa performance, affirme son statut de leader en multipliant autant que se peut ses déplacements sur scène.
L’album touche à sa fin, mais nous avons droit à trois titres supplémentaires, et pas des moindres : Cloak, grande favorite des fans, précède les 2 tubes extraits de « Malina » que sont Stuck (où le violoncelliste nous a un peu manqués) et From The Flame, qui finit d’épuiser la foule !
Même en n’étant pas spécialiste, il est impossible de ne pas ébahi par ce groupe à chaque fois que nous assistons à leurs performances. Plus que jamais, les Norvégiens forcent le respect avec leur rigueur absolue et leur investissement !
Leprous
HAKEN, mainstage, 23H00 – 00H30
Face à notre échec pour aller voir SOEN, nous voilà contraints de remonter à la mainstage pour nous consoler avec HAKEN… Mais on se demande si ce choix forcé n’était pas le meilleur à faire : clairement, il nous a été bénéfique de les avoir vus au préalable une semaine avant à Paris afin de mieux appréhender la performance. Le son est nettement meilleur qu’à la Maroquinerie, et le fait de se placer tout au fond de la salle nous en fait mieux profiter, sans compter la vue d’ensemble qui nous permet de jouir de toutes les belles lumières du groupe.
Haken au prognosis 2019
Mis à part cela, pas de grand changement par rapport à la performance du 14 mars : HAKEN est toujours en pleine forme, chaque instrument brille, et la foule suit leurs faits et gestes. Falling Back To Earth nous paraît être toujours de trop, malgré ses quelques passages engageants, et Crystallized, le morceau final, semble plus interminable que jamais, dans la mesure où il commence à se faire tard et qu’un titre supplémentaire a été rajouté par rapport à la date à Paris…
Mais quel titre ! Car il s’agit de nul autre que l’exceptionnel Cockroach King, que Ross Jennings introduit d’un simple « This one is for you… » : on sait en effet que ce titre incontournable de leur discographie n’est généralement joué qu’à la demande du public, et le fait qu’HAKEN nous offre ce cadeau sans que l’audience l’ait réclamé nous comble de satisfaction, là où le concert dans notre capitale nous avait laissé sur notre faim. Les grunts qui n’apparaissent pas sur la version studio n’ajoutent que plus de puissance à ce grand favori !
Haken
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Photos : Emilie Garcin, Peter van der Wielen, Lucinda