3/5
C’est deux mois après la sortie de leur album « From Chaos to Eternity » (2011) que les deux créateurs de RHAPSODY OF FIRE, Luca Turilli et Alex Straropoli, décident contre toute attente de procéder à une division de leur formation. Ainsi, deux groupes issus de Rhapsody sont désormais à distinguer : LUCA TURILLI’S RHAPSODY (plus communément appelé RHAPSODY), composée de Luca, du bassiste Patrice Guers et du guitariste Dominique Leurquin, et RHAPSODY OF FIRE, conservée par Alex et les autres membres, dont le chanteur Fabio Lione. Inutile de préciser, donc, que nous avions hâte de savoir à quoi le nouveau RHAPSODY OF FIRE ressemblerait sans la forte présence de Luca Turilli, responsable des compositions avec Alex depuis 1995, et guitariste soliste à la technique bien (trop ?) ficelée. Si le groupe a tâché de rester plutôt fidèle à sa recette, on constate qu’il a opéré des changements notables : malgré l’artwork et les titres des morceaux, RHAPSODY OF FIRE ne s’attarde plus sur la Fantasy qui leur était si chère, et les structures, plus simples, rendent le tout moins grandiloquent. Ce qui, en soi, n’est pas un mal.
Comme toujours, RHAPSODY OF FIRE présente une introduction qui se veut représentative de l’album ; ici, contrairement à « From Chaos to Eternity », on démarre en douceur avec des chœurs mélancoliques menés par des orchestrations relativement simples ; le tout gagne peu à peu en intensité pour laisser place à Rising from the Tragic Flames, qui reste fidèle au son du groupe. Sa structure accrocheuse justifie sa place dans l’album et son ambiance victorieuse laisserait présager une succession de titres tout aussi énergiques. Si un solo fait bien son apparition sur le pont, on retrouve également des riffs lourds – comme on en a peu entendu chez RHAPSODY, qui s’allient à une mélodie orientale aux claviers.
Par la suite, la majorité de l’album, à notre grande surprise, surprend par son tempo lent, ou du moins l’effet de lenteur sur de nombreux passages – ce que l’intro de l’album laissait finalement présager. Cela vaut pour Angel of Light, avec son intro prenante mais des couplets qui ont tendance à tirer en longueur, Fly to the Crystal Skies, à l’effet d’attente interminable, ou encore Tears of Pain, qui voit ses couplets dotés de riffs et d’orchestrations austères. Ces choix artistiques n’empêchent pas à ces compositions de proposer des mélodies inspirées et des refrains aussi entraînants qu’émouvants. On ne peut pas en dire autant pour tous les morceaux qui, sans être dépourvus de charme, manquent cruellement d’originalité ; cela concerne les titres My Sacrifice, malgré son début prometteur où l’intensité s’accroît peu à peu, ainsi que A Tale of Magic et Custode di Pace, si fades qu’elles ne parviendront pas à marquer réellement l’auditeur.
On retrouve un style plus familier avec Silver Lake of Tears et Dark Wings of Steel ; les deux titres réveillent l’auditeur à grands renforts de double pédale et d’orchestrations plus imposantes. D’ailleurs, la mélodie du morceau éponyme n’est pas sans rappeler celle de The Mystic Prophecy Of The Demonknight, de l’album « Triumph or Agony » (2006) ; le titre finit en grandes pompes sur une mélodie orientalisante et une batterie déchaînée.
« Dark Wings of Steel » s’achève sur le beau titre qu’est Sad Mystic Moon, avec ses orchestrations émouvantes, ses riffs soutenus et les chœurs qui accompagnent Fabio sur le refrain. On regrette la fin trop soudaine, bien qu’elle soit révélatrice du style modéré de cet album, qui se démarque de l’aspect parfois excessif et pompeux auquel RHAPSODY OF FIRE nous avait habitués ces trois dernières années.
Avec ce dixième album, il est évident que le groupe, sans réellement se risquer à des expérimentations, a cherché à se détacher des deux derniers albums, notamment en faisant un usage moins massif – mais plus réfléchi, des chœurs ; il supprime également le côté progressif de ses compositions. Bien entendu, le départ de Luca Turilli ne passe pas inaperçu, de par l’absence de soli très techniques, mais également avec la mise en valeur de la guitare rythmique – ce qu’on ne reprochera pas au groupe. Les rythmes lents s’alternent avec des rythmes plus rapides, et les mélodies sont généralement toujours très inspirées. Les paroles, quant à elles, sont plus personnelles que jamais, ce qui convient finalement bien à ces compositions plus posées. Une certaine linéarité risque peut-être d’ennuyer l’auditeur, notamment à cause du schéma répétitif de la batterie. Si « Dark Wings of Steel » est loin d’être un grand cru de RHAPSODY OF FIRE, il marque à coup sûr un tournant nécessaire dans la carrière du groupe et établit les bases pour un prochain album qui ne manquera pas d’approfondir ce renouveau.
TRACKLIST
01. Vis Divina
02. Rising From Tragic Flames
03. Angel Of Light
04. Tears Of Pain
05. Fly To Crystal Skies
06. My Sacrifice
07. Silver Lake Of Tears
08. Custode Di Pace
09. A Tale Of Magic
10. Dark Wings Of Steel
11. Sad Mystic Moon