C’est un grand nom du metal symphonique qui nous fait l’honneur de venir ce soir à Marseille, ville souvent boudée des tournées françaises. Il s’agit là de Tarja Turunen, chanteuse finlandaise connue internationalement pour avoir été la voix et le visage de NIGHTWISH pendant neuf ans, jusqu’à ce que l’aventure se termine fin 2005. Depuis, la chanteuse a accumulé les tournées à succès avec son groupe et compte d’ores et déjà trois albums solo dans sa discographie.
Ayant été convaincue par ses prestations en 2008 à l’occasion des dates de Zurich et Milan, il me tardait de revoir la chanteuse après tant d’années. Et quand l’artiste fait l’effort de venir à vous, qui plus est avec un très bon troisième album, pourquoi donc nous en priverions-nous ?
En entrant dans la salle, je me rends compte que le public est composé de fans de tous âges, ce qui, à mon humble opinion, prouve bien la qualité de la musique et des concerts de la finlandaise.
C’est le groupe parisien ELYOSE qui ouvre chaque soir pour la tournée française de Tarja, mais également sur les dates anglaises et néerlandaises qui lui succèdent. Arborant de toutes parts leurs couleurs noires et rouges (voyez comme j’évite habilement toute référence indésirable ici), le groupe n’a besoin que de quelques secondes pour chauffer l’audience, très réceptive à leur musique mêlant gros riffs et influences électro. Justine Daaé, la chanteuse, ne manque pas de faire remarquer cette ambiance particulière. Ce soir-là, ELYOSE présente deux nouveaux titres, dont Rédemption, qui se veut résolument plus énergique ; et il semblerait que cela se confirme, lorsqu’on voit le groupe et les premiers rangs headbanguer ensemble. Si musicalement, le groupe attire mon attention, je demeure déçue de la voix lyrique peu maîtrisée et trop monotone de la chanteuse, tout en reconnaissant son charme et son énergie.
En règle générale, le groupe fait preuve de professionnalisme et détient un jeu de scène plutôt satisfaisant. Après leur titre-phare Théogyne, ELYOSE quitte la scène pour laisser place à « une grande dame du metal symphonique, si ce n’est LA grande dame du metal symphonique », d’après Justine.
Une demi-heure de changement de plateau plus tard, la version orchestrale de Deliverance retentit à nos oreilles pour ouvrir le spectacle. Telle que la tradition le veut, les musiciens font leur entrée un à un, et je revois avec plaisir Alex Scholpp à la guitare, le grand Max Lilja au violoncelle et le colossal Mike Terrana à la batterie, à droite de la scène, alors que je découvre Christian Kretschmar aux claviers et Anna Portalupi à la basse.
Enfin, Tarja fait son entrée sur In for a Kill, bruyamment acclamée par la foule surexcitée. Le sourire jusqu’aux oreilles, la chanteuse ne manque pas de se rapprocher des premiers rangs et d’encourager le public à crier plus fort. Son naturel déroutant et sa pêche, exprimée par quelques headbangs bien placés et des sautillements fréquents, offrent un dynamisme incroyable au concert, soutenu par les excellents musiciens qui l’accompagnent.
Située en face de Max et Alex, je ne peux m’empêcher de noter leur grande complicité – c’est simple, les deux musiciens se quittent rarement du regard ! Tarja exécute une note finale en folie, avant de prononcer dans un bon français : » Bonsoir Marseille ! Merci d’être venus ! » S’ensuit 500 Letters, deuxième single du nouvel album « Colours in the Dark » ; bien que ce ne soit pas mon titre préféré, il passe ici incroyablement bien ; c’est d’ailleurs l’impression que j’aurai sur tous les titres, qui prennent décidément toute leur ampleur en live.
Nous revisitons la discographie de Tarja, avec une Damned and Divine redynamisée et une Falling Awake au solo de guitare déchaîné. Afin d’introduire I Walk Alone, tout premier single de la carrière solo de Tarja et symbole du soutien inébranlable des fans, la chanteuse n’omet pas de préciser que « rien de tout cela, absolument rien ne serait possible » sans ces mêmes fans qui l’ont soutenue durant toutes ces années.
La mélancolie de ce titre est suivie de la magnificence baroque de Anteroom of Death, morceau d’ouverture de l’album « What Lies Beneath » et, à ce jour, la plus grande réussite de la chanteuse pour moi. C’est à cette occasion qu’Alex prend le micro pour les voix masculines du pont – un talent que je ne lui connaissais pas. La force de Never Enough réside surtout dans le solo final du groupe, alors que Tarja s’éclipse pour un petit changement de tenue. On profite de ce moment fort du concert pour apprécier les soli d’Alex, de Mike et de Max, chacun exploitant son instrument avec ardeur et talent ; la preuve ultime que la chanteuse et son groupe ne font pas dans la demi-mesure et ont toujours veillé à bien montrer ce qu’ils avaient dans le ventre.
Les derniers sceptiques auront tout à gagner de ses concerts, bien plus rentre-dedans que d’autres groupes du genre. Dans un final explosif et brutal, Max se lève de son siège, à bout de souffle mais largement salué par le public. Revêtue d’une longue jupe en cuir rouge et d’un haut noir au décolleté plongeant, la chanteuse est de retour sur scène pour Darkness, reprise de Peter Gabriel qui apparaît dans le dernier album. Sur le refrain, Tarja présente une voix plus grave et plus intense qu’à l’habitude. Lui succède Die Alive, puis Mystique Voyage, probablement le titre le plus atmosphérique de sa discographie – et sans conteste l’un des plus magnifiques.
Neverlight et Medusa sont également deux titres particulièrement convaincants du dernier opus, l’un avec son refrain très entraînant et les orchestrations épiques de son pont, l’autre avec son aspect planant et ses diverses montées en puissance.
Alors que le groupe s’en va en coulisses, il est vite rappelé pour trois autres morceaux, à commencer par Victim of Ritual, premier single de « Colours in the Dark ». Tarja est cette fois habillée du manteau noir que l’on peut voir sur la pochette haute en couleur. Bien sûr, tous les concerts de Tarja contiennent au moins un titre de NIGHTWISH, en hommage à sa longue carrière dans laquelle elle a pu évoluer à travers cinq albums. C’est Wish I Had an Angel qui est joué et, bien qu’il soit loin d’être le meilleur titre du groupe, force est de constater qu’il parvient à constamment déchaîner les foules (ce qui n’a pas cessé de se justifier lors des tournées plus récentes de NIGHTWISH). Alex accompagne de nouveau Tarja au chant, tandis que cette dernière ne manque pas d’effectuer les rires suraiguës du pont.
Until my Last Breath clôture ce fabuleux concert, alors que Tarja, entourée d’Alex et d’Anna qui se font face, exécute ses fameuses respirations finales. Avec des applaudissements et des cris qui n’en finissent plus, Tarja, émue, remercie l’audience qui a bel et bien joué son rôle ce soir. Une sincère reconnaissance se voit également sur les visages des membres, visiblement comblés. Ils saluent tous la foule en exécutant leur célèbre lever de jambe. Puis, Tarja quitte la scène en dernier, avec une pose finale très « Rock on » et toute en folie, à l’image de son incroyable prestation.
SETLIST
In for a Kill
500 Letters
Damned and Divine
Falling Awake
I Walk Alone
Anteroom of Death
Never Enough (+ solo instrumental)
Darkness (reprise de Peter Gabriel)
Die Alive
Mystique Voyage
Neverlight
Medusa
RAPPEL
Victim of Ritual
Wish I Had an Angel (reprise de Nightwish)
Until My Last Breath