Après la nouvelle communiquée par le groupe début 2014, je me suis sérieusement demandé si j’allais finalement avoir l’opportunité de voir THE GATHERING sur scène… C’est afin de célébrer leurs vingt-cinq ans d’existence que l’on retrouve la formation d’origine néerlandaise pour, non pas un, mais deux concerts-anniversaire exclusifs, réunissant la quasi-totalité des membres, passés comme présents… Me donnant enfin l’opportunité de voir le groupe de mes propres yeux ! Et si l’on espère que ce ne sont pas des adieux, au moins la formation aura pu tirer sa révérence de la meilleure manière qui soit, après vingt-cinq années à toucher plusieurs générations avec autant de sincérité.
Inutile de préciser que c’est notamment le grand retour de notre Anneke Van Giersbergen que les fans attendent avec impatience ; on n’avait effectivement plus vu la chanteuse entourée des membres de THE GATHERING depuis sept ans, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les fans n’espéraient plus qu’une telle chose arrive ! Ce sont également Bart Smits (chanteur de 1989 à 1992), Marike Groot (choriste de 1992 à 1993), Hugo Prinsen Geerligs (bassiste de 1989 à 2004), Marjolein Kooijman (bassiste et choriste de 2004 à 2014), Jelmer Wiersma (guitariste de 1989 à 1998), mais aussi le trompettiste Noel Hofman (guest sur les deux derniers albums) qui nous font l’honneur de leur présence ce jour-là. Et bien sûr, Silje (Wergeland), René (Rutten), Frank (Boeijen) et Hans (Rutten) sont toujours de la partie ! Aujourd’hui, ils nous prouvent que les divergences musicales et différences d’aspiration n’ont en rien altéré leur respect mutuel…
Le concert a beau se dérouler aux Pays-Bas, nous retrouvons également des italiens, des français, mais aussi des mexicains présents dans la foule ! En somme, un condensé de fans pour qui manquer un événement aussi historique était impensable.
C’est dans un décor des plus simple que le concert démarre. Un écran en triptyque commence par faire défiler toute la discographie du groupe. Puis, le compte à rebours de 25 à 1 est lancé sur fond de photos cultes des membres et d’extraits parlés. Le ton est donné, la pression monte, et les applaudissements se font déjà largement entendre pour saluer cette intro !
La célèbre Saturnine fait entrer tous les membres sur scène (excepté Marjolein, qui laisse la place à Hugo à la basse). Les quatre chanteurs alternent les parties et proposent une divine harmonie, comme ce sera le cas sur Nighttime Birds, pièce intense de 1997 rarement jouée sur scène. On constate avec ravissement que le son est optimal et les lumières, proches de la perfection. La magie opère, et nous voilà aussi subjugués qu’enthousiasmés !
Tout au long du concert, aucune phase musicale de THE GATHERING ne sera laissée de côté : on passe du metal mélodique, avec l’incontournable Strange Machines ou encore On Most Surfaces, au pop rock électro de Meltdown (pendant lequel Frank accompagne Silje au chant et Noel intervient à la trompette), avant de lentement mais sûrement s’acheminer vers le death doom metal de The Mirror Waters et King For A Day ! Sur ces titres, le premier lineup de THE GATHERING nous rappelle qu’il n’a rien perdu de sa superbe et parvient à réveiller les démons d’outre-tombe aussi bien qu’à ses débuts ! Bart et Marike arrivent au micro pour un duel « Beauty and the Beast » mélancolique (après tout, ne sont-ils pas l’un des initiateurs du genre ?). Les grunts lourds et imposants de Bart ne manqueront pas de faire headbanguer quelques adeptes ici et là. Et si Marike semble rester volontairement discrète à chacune de ses apparitions, elle recueillera néanmoins de chaleureux applaudissements après d’étonnantes vocalises sur King For A Day.
Anneke ne reste pas en coulisses très longtemps (qui souhaiterait une telle chose !), et revient sous les acclamations du public, pour interpréter deux titres emblématiques de leur période « trip hop rock », à savoir Even The Spirits Are Afraid et Broken Glass. La longue Heroes For Ghosts, aussi planante que puissante, a définitivement sa place dans cette setlist ; la trompette de Noel intervient une fois de plus, octroyant au set toujours plus de diversité. On enchaîne avec la ballade Afterwords, unique titre issu du dernier album et qui contient d’ailleurs la présence de Bart sur CD. L’occasion pour le chanteur de revenir dans une ambiance complètement différente de celle qui l’avait amené plus tôt !
Même si les divers lineups s’entremêlent parfois (on verra par exemple Marike aux chœurs sur In Motion #1 en compagnie d’Anneke), THE GATHERING a tendance à accueillir les membres sur les morceaux écrits pendant leur temps dans le groupe. Ma seule « requête » avant d’assister à ce concert ? Qu’Anneke participe à un morceau écrit après son départ… Et c’est avec une grande satisfaction que j’ai vu mon vœu s’exaucer, puisque la chanteuse accompagne Silje sur la dynamique Paper Waves ! On ne peut s’empêcher de remarquer une complicité certaine et beaucoup de sourires échangés entre les deux interprètes, qui se réuniront également sur le mythique Leaves.
Avant le rappel, la fin de Travel réunit tous les artistes sur scène. Marjolein et Jelmer laissent notamment de côté leurs instruments pour se mettre à deux sur un micro et accompagner une Anneke visiblement émue…
La chanteuse, suivie des trois fondateurs du groupe ainsi que de Marjolein, revient sur Waking Hour, qui n’est probablement pas le titre idéal pour une fin de concert mais qui semble néanmoins satisfaire une grande partie de la foule.
En revanche, pour le grand final, THE GATHERING nous prépare quelque chose de très spécial… I Can See Four Miles aura sûrement marqué les esprits sur l’album « Disclosure », du fait de son aspect progressif et très nuancé. Si elle démarre avec le dernier lineup, elle est, à mi-chemin, enrichie par la présence de tous les autres membres… et pas nécessairement à leur poste habituel ! On voit ainsi Noel brandir sa guitare, Silje s’éclipser au piano, ou encore Anneke marteler un Tom basse ! Quant à René, il ajoute les sonorités folles de la thérémine aux riffs de sa guitare. Ce morceau explosif est une preuve supplémentaire de l’osmose entre les membres et de l’engouement qu’ils mettent dans cette célébration.
C’est après plus de deux heures de spectacle de THE GATHERING nous dit aurevoir ; chaque membre reçoit un gros bouquet de fleurs, tout le monde se prend dans les bras et affiche un large sourire. Pour ma part, je ne sais quoi penser, car aucun mot n’est assez fort pour exprimer avec justesse ce qui vient de se dérouler ! Et si « Intensité » décrit plutôt bien l’ensemble, c’est surtout « émotion » qui me vient à l’esprit – je ne peux cacher le nombre de fois où j’ai eu les larmes aux yeux, comme-ci, à un mois de fêter mes vingt-cinq ans, je célébrais l’anniversaire de la formation de manière très personnelle !
En tout et pour tout, THE GATHERING a toujours porté son nom à la perfection : ils réunissent les troupes, les genres, les générations, les nationalités. C’est un groupe sans étiquette qui en porte des dizaines, une formation aussi humble que majestueuse, aussi créative que sereine.
Merci, THE GATHERING, pour nous avoir rassemblés à l’occasion de ce quart de siècle !
SETLIST
Saturnine (« if_then_else », 2000)
Strange Machines (« Mandylion », 1995)
Meltdown (« Disclosure », 2012)
Nighttime Birds (« Nighttime Birds », 1997)
The Mirror Waters (« Always… », 1992)
King For A Day (« Always… », 1992)
Even The Spirits Are Afraid (« Souvenirs », 2003)
Broken Glass (« Souvenirs », 2003)
Great Ocean Road (« How To Measure A Planet », 1998)
Heroes For Ghosts (« Disclosure », 2012)
Afterwords (« Afterwords », 2013)
Amity (« if_then_else », 2000)
On Most Surfaces (« Nighttime Birds », 1997)
Paper Waves (« Disclosure », 2012)
All You Are (« The West Pole », 2009)
Leaves (« Mandylion », 1995)
In Motion #1 (« Mandylion », 1995)
Travel (« How To Measure A Planet », 1998)
RAPPEL
Waking Hour (« Home », 2006)
I Can See Four Miles (« Disclosure », 2012)