L’actualité de TURISAS est loin d’être brûlante : il faut dire que la dernière tournée du groupe date de fin 2015. C’est pourquoi les Finlandais sont attendus comme le Messie par une horde de fans impatients de mettre la main sur le successeur de « Turisas2013 » (2013). Ils devront pourtant attendre encore un peu avant de s’emparer du précieux sésame… Mais, comme en atteste la passion qui habite toujours Mathias Nygård, chanteur et leader de la formation, les fans n’auront pas à s’inquiéter quant à l’avenir de leurs Scandinaves favoris. Discussion avec notre chef de guerre, quelques heures avant leur performance furieuse donnée au Hellfest.
Comment vas-tu aujourd’hui ?
Mathias Nygård – Ça va bien ! Il fait assez chaud, et c’est une journée plutôt stressante… J’ai pour habitude de prendre du temps pour moi avant le concert, ce qui ne sera pas le cas aujourd’hui : juste après les interviews, je dois filer me préparer pour le concert… Mais, on a déjà fait ça des tas de fois, et ça ne devrait pas poser de problème.
Votre dernier album est intitulé « Turisas2013 ». Je dois dire qu’à l’époque, j’avais été très surprise d’un tel titre… Était-ce à prendre au second degré ?
Ce n’était pas une blague ! Par le passé, nous étions connus pour sortir des albums très conceptuels, mais avec des thèmes d’actualité : même si ça parlait de Vikings, les idées évoquées étaient quant à elles bien contemporaines. Je pense qu’on souhaitait mettre cela un peu plus en avant avec « Turisas2013 ». En général, le titre d’une peinture ou une œuvre guide le receveur sur ce à quoi il doit s’attendre, et il peut faire sa propre interprétation. « Turisas2013 » est un titre très minimaliste qui ne révèle pas grand-chose. C’est un peu comme-ci nous n’avions pas donné de nom à notre œuvre… Ainsi, cela permet à l’auditeur de se faire sa propre opinion.
Même la pochette était plus simple et direct. Était-ce un moyen d’affirmer : « Voilà ce à quoi TURISAS ressemble en 2013 » ?
Je ne sais pas. Les années ont passé depuis cet album… C’est en partie une réponse aux albums qui l’ont précédé, qui étaient si orchestraux et grandiloquents. Nous souhaitions proposer des compositions plus directes, plus simples, où les pistes ne se superposent pas à l’infini. En ce sens, nous avons eu une approche plus simpliste, mais cela ne veut pas dire que c’est ce que nous ferons à partir de maintenant. Nous travaillons sur de nouveaux morceaux qui n’ont pas vraiment de lien avec ce qu’on a fait en 2013. Pour chaque album, nous avons le même discours. Les gens disaient de « The Varangian Way » (2007) qu’il ne ressemblait pas tellement à « Battle Metal » (2004), et la même chose s’est produite avec « Stand Up And Fight » (2011), qui paraissait plus léger que le précédent… Nous avons l’habitude de ce genre de choses.
Avez-vous prévu de sortir le prochain album en 2018 ?
Je ne veux pas faire trop de promesses, pour le moment. Bien sûr, quatre ans se sont écoulés depuis le dernier album. C’est en partie dû au fait que nous ne voulions pas forcer les choses. Nous vivons de notre métier, et cela nous permet de prendre notre temps. Quand nous avons commencé, c’était par passion. Tout le reste, comme les tournées, c’était un plus. Bien sûr, on adore ça, mais nous tenons à composer la musique qui nous passionne. Maintenant que c’est devenu notre métier, il serait dangereux de produire ce qui se vend le mieux, de prévoir des tournées régulières, ou de faire ce que les gens ou le label attendent de nous. Pour moi, le plus important, c’est de rester authentique, et donc, de ne pas savoir avec certitude ce que nous allons proposer par la suite. Nous tenons à prendre le temps qu’il faudra, même si cela implique que l’on perde la cadence, ou que les gens nous oublient un peu… Ceci étant dit, nous sommes invités à jouer dans des festivals comme le Hellfest, donc on peut se rassurer : les gens ne semblent pas nous oublier ! On ne s’inquiète pas plus que ça. Donc, même si nous avons plus ou moins été dans l’ombre ces derniers temps, cela ne veut pas dire que nous ne faisons rien. Le groupe me prend beaucoup de temps. Il faut dire que je m’occupe de toute la partie contraignante, comme répondre aux emails, organiser notre emploi du temps…
Comment décides-tu de la setlist pour les festivals ?
Je suis content que tu me poses cette question, parce que d’habitude, le groupe ne prend connaissance de la setlist que quarante-cinq minutes avant le concert ! La plupart du temps, c’est moi qui en décide à la dernière minute, et j’aime fonctionner ainsi : cela me permet d’étudier le contexte dans lequel nous allons jouer, l’ambiance du jour, la configuration de la scène… J’aime bien aussi que le groupe reste en alerte pour être capable de jouer tel ou tel morceau du jour au lendemain et ne pas tomber dans les habitudes. Ça maintient une certaine pression, et au moins, chaque membre a l’opportunité de prouver qu’il peut s’adapter. Mais, c’est la première fois depuis des années que nous avons décidé de ce que nous allions jouer au préalable, avant même notre arrivée en France ! Nous avons imprimé la setlist avant de partir de la Finlande. Nous préparons une petite surprise pour notre performance de ce soir…
Cela veut-il dire que vous jouerez des morceaux encore jamais joués en live ?
Je ne suis pas sûr que ce soit le cas, mais c’est clairement une setlist inédite ! Je sais que certains seront ravis, et que d’autres seront quelque peu déçus… Nous verrons comment ça se passe !
(TURISAS a célébré les dix ans de « The Varangian Way » avec une setlist presque entièrement composée de morceaux issus de cet album, ndlr)
As-tu regardé à la série Vikings ?
Je connais de nom, mais je n’ai pas encore pu regarder. Cela fait un moment que je n’ai pas suivi de série. Je sais que je deviens vite dépendant, donc je veux éviter de la commencer…
Après le concert, auras-tu le temps d’aller voir d’autres groupes jouer ?
Oui. On ira voir un peu ce qui se passe autour d’une bière. Je ne suis pas fan des grosses têtes d’affiche, mais je vais peut-être aller voir WARDRUNA. Je n’ai pas encore écouté, mais j’ai une vague idée de ce qu’ils jouent.
Quelles sont tes dernières découvertes musicales ?
Là encore, je ne saurais pas te dire… J’ai adoré le dernier Steve Hackett, « The Night Siren » (2017). Je n’écoute pas tellement de musique. Peut-être, justement, parce que je baigne dedans… Il faudrait que je fouille mon compte Spotify, pour te répondre ! Même si je reste attaché au metal, j’aime beaucoup le prog, l’indie, le rock…
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Merci à Valérie de Century Media et Isabelle Le Maguet.