Avec un lineup visiblement stable et une envie d’aller toujours plus loin dans la quête de ce qu’ils aiment nommer « metal philharmonique », WHYZDOM revient aujourd’hui avec leur troisième production. C’est à chaque fois avec un certain engouement que les adeptes du genre accueillent un album de la formation de Vynce Leff. Ambitieux dans leur son comme dans leurs paroles, WHYZDOM risque bien de se propulser là où ils méritent d’être depuis bien longtemps. Du moins, c’est tout ce qu’on leur souhaite !
Et c’est bien entendu leur nouvelle voix que nous attendions d’étudier avec impatience. Marie Rouyer a déjà exprimé son art sur scène à l’occasion de quelques concerts, mais le son des vidéos étant ce qu’il est, une critique de son chant aurait été complètement faussée avant l’écoute d’un enregistrement digne de ce nom. Et il s’avère que Marie contribue largement à la majesté de « Symphony For A Hopeless God » !
Non contente de réunir les qualités des deux premières chanteuses, la jeune femme n’hésite pas à faire preuve d’audace de bout en bout et à multiplier les techniques de chant. Et bien que le chant clair prédomine, le lyrique est plus présent que jamais, non pas en guise de décoration, mais pour magnifier et porter les compositions là où cela est nécessaire. C’est le cas pour le refrain de la très réussie Eve’s Last Daughter. On retrouvera même un chant plus agressif ainsi que des grunts sur Don’t Try To Blind Me ou encore Waking Up The Titans, l’une des plus belles réussites de « Symphony For A Hopeless God ».
Musicalement, la patte WHYZDOM est reconnaissable entre mille, notamment avec les deux premiers titres : While The Witches Burn ouvre sur une note austère amplifiée par les chœurs latins. La recette fonctionne bien, avec la puissance vocale de Marie, les mélodies symphoniques enjôleuses, les riffs ou encore les quelques interventions parlées et criées de Vynce. Le morceau suivant reste dans la continuité, et offre de beaux moments lyriques et orchestraux, tandis que le refrain n’est pas sans rappeler celui de Daughter Of The Night. Quant à ses couplets, on apprécie l’aspect dépouillé et la voix discrète de Marie, preuve que la formation, quoique très fidèle à son identité, n’hésite pas à expérimenter de nouvelles choses.
Et justement, on ne peut s’empêcher de noter une certaine maturité dans l’exploration de leurs propres sonorités : les changements de rythme de Theory Of Life, entraînante et sans lourdeur, déstabilise sans oppresser, tandis que des notes de piano de Marc Ruhlmann coulent sur pratiquement tout le morceau. Sans compter son refrain sombre, ses chœurs judicieusement posés et le final de batterie de Nico Chameaux (toujours aussi efficace !), qui font de cette composition l’une des plus abouties de l’album.
L’irrésistible Let’s Play With Fire se dote d’un refrain aussi intense qu’entêtant contrebalancé par des chœurs paniqués, sans oublier les très bons solos de guitare et le grain de folie terriblement efficace de Marie au terme du morceau. Impossible, enfin, de passer à côté du pont épique et oriental de Don’t Try To Blind Me ainsi que du solo qui suit.
Les chœurs, même s’ils varient d’un morceau à l’autre, restent fidèles à eux-mêmes. Ils se font lumineux sur Where Are The Angels, mais délicieusement austères et mélancoliques sur Waking Up The Titans, alors accompagnés de la voix douce et aiguë de Marie.
The Mask aurait pu être signée NIGHTWISH ou EPICA selon les passages, notamment au niveau des riffs ou des rythmes. À noter, sur un moment plus doux, un solo de basse exécuté avec brio par Xavier Corrientes, suivi de quelques notes de guitare sèche, qui n’aurait pas fait tache sur un album tel que « Angels Fall First » ! On remarquera qu’Asylum Of Eden brille par le chaos infernal mais ô combien réussi que WHYZDOM met en place (à la manière de The Train sur le premier album).
Le titre final nous prépare pour un développement nuancé ; il s’agit là de la composition la plus paisible et porteuse d’espoir, avec, encore une fois, l’intervention lyrique de Marie et les orchestrations légères. Aussi épique que merveilleux, Pandora’s Tears ferme l’album sur un crescendo coloré de solos de guitare et d’orchestrations toujours plus judicieuses, avant de laisser place aux belles vocalises lyriques de Marie.
WHYZDOM réalise là un album plus mature, avec un certain retour en force de l’identité « From The Brink Of Infinity », tout en faisant perdurer les recherches commencées sur « Blind? ». Si Miss Rouyer détient tous les outils pour exécuter une performance qui sera proche de la perfection sur le prochain opus, elle nous gratifie ici d’une prouesse déjà fort étonnante. Nous ne trouverons à redire qu’au niveau de l’accent qui, sans être négligé, manque encore un peu de naturel, ou encore certaines parties, où le jeu semble poussé. Il faut dire que la voix a toujours été surproduite dans les albums de la formation, mettant ainsi en relief chacune des interventions de l’interprète. Quant aux parties orchestrales, elles sont comme toujours le point fort du groupe, et parviennent à ne jamais noyer leur identité metal.
En tout et pour tout, il nous tarde de voir la formation interpréter leurs tout nouveaux morceaux en live et conquérir toujours plus d’amateurs de belles mélodies épiques !