Le génie canadien nous présente déjà le successeur de « Z2 », ce double album sorti en 2014 composé du nouveau DEVIN TOWNSEND PROJECT, intitulé « Sky Blue », et du deuxième « Ziltoid », qu’il baptisait alors « Dark Matters ». Le moins que l’on puisse affirmer avec « Transcendence », c’est que Mr. Devin Townsend propose ici un décor différent. Moins accessible que « Addicted » (2009) ou « Sky Blue » (2014), beaucoup plus posé que « Deconstruction » (2011) ou « Ziltoid The Omniscient » (2007), ce nouvel opus, pour lequel les musiciens de Devin ont eu l’opportunité de composer, se détache de l’identité plus légère et burlesque du musicien pour proposer une œuvre résolument plus uniforme. Mais est-ce une bonne chose ?
Aussi étrange que cela puisse paraître, « Transcendence » démarre les hostilités avec une nouvelle version de Truth, sortie dix-huit ans plus tôt sur l’album « Infinity ». Très fidèle à la version originale, cette quasi-instrumentale bénéficie d’une production impeccable ainsi que de la participation lointaine et aérienne d’Anneke Van Giersbergen. On constate également que la fin contient un passage chanté par Devin, non présent sur la première version. Le placement de cette reprise en ouverture n’est pas si curieux, puisque musicalement, l’album restera fermement dans cette lignée.
A vrai dire, l’album parviendra difficilement à s’en détacher ou à surprendre autant que de coutume : Stormbending comporte de bons claviers couplés à la guitare, mais une voix noyée par les instruments. Failure s’avère être un morceau très mélancolique, voire triste, avec de bonnes orchestrations sur les couplets – c’est en outre le premier titre de « Transcendence » où la voix de Devin, tantôt puissante, tantôt douce et aiguë, s’impose enfin. L’effet d’attente laisse place à un solo de guitare déconstruit.
S’ensuivent des titres plus décevants : Secret Sciences manque de relief et ne semble pas vouloir décoller, même si le refrain relève quelque peu le niveau. On déplore l’aspect lancinant de Higher, tout juste sauvé par le pic d’intensité à mi-parcours et le chaos musical, tandis qu’on peine à retenir quoique ce soit à l’écoute de Stars. Le morceau éponyme convainc un peu plus grâce aux chœurs masculins inattendus, aux orchestrations vindicatives, très travaillées, et à la voix d’Anneke, plus audible que sur le reste de l’opus. On l’entendra encore d’avantage sur Offer Your Light, rare composition à se distinguer de la masse (et que Devin a écrit sans aide extérieure) : rudement efficace et énergique, quoique répétitive, elle n’aurait pas fait tache sur « Addicted! » et a le mérite de réveiller l’auditeur. On appréciera le break exotique et bien sûr, les voix puissantes – mais excessivement arrangées, d’Anneke et Devin.
From The Heart tire inutilement en longueur, à l’image de Transdermal Celebration, qui manque cruellement de variations et d’originalité, notamment au niveau du thème principal. Toute la seconde partie se veut énigmatique, comme stellaire, avec quelques lointains mots parlés, achevant l’opus sur un gros point d’interrogation.
« Transcendence », telle une œuvre conceptuelle, sort très peu de sa ligne de mire et engendre de ce fait une impression de linéarité, notamment due aux tempos lents et à la voix du chanteur sous produite. On aurait aimé que la participation d’Anneke se fasse moins discrète, et l’on regrette que les moments planants et progressifs soient, à peu de choses près, tout ce qui constitue l’œuvre. La prochaine fois, il serait peut-être judicieux de la part du label de laisser un peu plus de temps à Devin pour produire un album suffisamment inspiré ?