C’est à La Belle Électrique, une salle qui porte son nom à ravir, que se déroulera notre soirée en compagnie de SCAR SYMMETRY, ELUVEITIE et bien sûr, EPICA. Cela fait d’ailleurs une dizaine d’années que les néerlandais ne s’étaient plus arrêtés à Grenoble, ayant pour habitude de passer plutôt par Lyon à chacune de leurs tournées françaises.
Le lineup est relativement bien constitué ce soir ; SCAR SYMMETRY présente de bonnes mélodies, tandis que ses deux chanteurs alternent chant clair et grunts avec énergie. Sans transcender, leurs morceaux passent très bien et chauffent suffisamment l’audience pour les deux groupes suivants.
Il me tardait de découvrir ce qu’ELUVEITIE nous concocterait, appréciant un certain nombre de leurs compositions depuis peu. Ce soir, le groupe restera sur scène plus d’une heure pour nous présenter ce dont ils sont capables. Munis de leurs instruments folkloriques et métalliques, les huit membres se mettent alors en action, tandis que leur superbe intro, dont les quelques mots de début sont émis en français, résonne dans nos oreilles. Elle est succédée par le puissant King, l’un des meilleurs titres du dernier album « Origins » (2014).
La performance d’ELUVEITIE ne semble laisser aucune place à l’improvisation et à la légèreté. Et même si on ne peut que reconnaître leur efficacité sur scène, un brin de lâcher-prise n’aurait en rien gâché leur travail… Les headbangs d’Anna Murphy (chant et vielle à roue) et Shir-Ran Yinon (violon) interviennent à des moments précis, et malgré quelques interactions, les deux musiciennes ne s’autorisent que peu de sourires… Quant aux autres, ils feront preuve d’austérité durant tout le concert, ne procédant qu’à très peu de déplacements et d’échanges. Mention spéciale, cependant, au chanteur Chrigel Glanzmann, très concentré et passionné, et qui abandonne souvent son micro pour s’adonner à divers instruments traditionnels (comme sur Brictom, par exemple). Le frontman n’omettra pas d’exprimer sa gratitude envers le public à plusieurs reprises.
On aura l’honneur d’apprécier The Call Of The Mountains, single relativement ordinaire, dans sa version française. Présentée humblement par Anna (« je ferai de mon mieux« , nous promet-elle en souriant), qui pose un temps sa vielle à roue pour nous éblouir toujours plus de sa voix puissante, la compo’ est chaleureusement accueillie par le public grenoblois. Le chant traditionnel d’Anna illumine Luxtos (dont l’air a été popularisé dans notre pays par MANAU, il y a quinze ans de cela…) ou encore la mystique Scorched Earth, dans laquelle sa performance nous cloue tout simplement sur place. Son chant torturé, qui tourne aux grunts, donne une dimension certaine à Quoth The Raven, et l’intro d’Alesia n’en est que sublimée.
ELUVEITIE termine sur Inis Mona (encore un air que les français reconnaîtront !) après un concert sans fautes, mais sans réelle prise de risques. Ceci étant dit, leurs mélodies folk et enchanteresses nous auront largement séduits, tout comme leur professionnalisme serein. À voir et à revoir sans hésitation !
Place à EPICA, qui revient en France pour trois dates, après une tournée un an plus tôt seulement (lire notre live report du concert à Marseille). Bien que l’on ne regrette jamais d’aller voir le groupe lorsqu’ils prennent la peine de venir par chez nous, on constate encore et toujours que la recette live évolue peu… Comme on s’y attendait, EPICA rechigne à varier sa setlist et à offrir plus de spontanéité et de surprises à leurs performances. Pire encore, le décor de fond ne consiste plus qu’en un rideau blanc, tandis qu’on avait eu droit au backdrop officiel de la tournée en 2014. Heureusement, le son et les lumières demeurent excellents.
Ce concert à Grenoble marque notamment le retour sur scène de Coen Janssen, qui avait du se retirer un temps pour raisons familiales. Tout au long de la performance, le claviériste fera preuve d’un enthousiasme contagieux, ravi d’être à nouveau de la partie.
Comparé à l’année passée, EPICA jouera un morceau en moins (on regrette que Victims Of Contingency, l’un des titres les plus agressifs du dernier album « The Quantum Enigma » (2014), ait été retiré), mais nous propose Martyr Of The Free Word et Sensorium, deux compos’ que l’on ne présente plus et qui débordent d’énergie et d’efficacité.
Même s’ils ne manquent pas d’atouts, force est de constater que les singles Unleashed et Storm The Sorrow n’ont été que trop joués. C’est le moins que l’on puisse dire à propos de Cry For The Moon, qui parvient malgré tout à défouler la masse ; d’ailleurs, Simone Simons (chant) surprendra en tenant la note sur un passage, une chose qu’elle ne propose pas systématiquement. De manière générale, la chanteuse continue de satisfaire les plus exigeants d’entre nous, autant vocalement que scéniquement. Comme c’est le cas depuis le début de la tournée de « The Quantum Enigma », elle encourage les pogos et autres « wall of death », mais nous conseille de « ne pas nous casser quelque chose » !
Le groupe achève son set avec Consign To Oblivion, une tradition vieille de plus de dix ans et que nous souhaitons voir perdurer, tant ce titre comporte tous les ingrédients pour clôturer en beauté leurs prestations !
En espérant qu’EPICA nous revienne rafraîchis après la sortie de leur septième album, prévu pour cet automne !
SETLIST
Originem
The Second Stone
The Essence of Silence
Sensorium
The Fifth Guardian (Interlude)
Chemical Insomnia
Unleashed
Martyr of the Free Word
Cry for the Moon
The Obsessive Devotion
Design Your Universe
RAPPEL
Sancta Terra
Storm the Sorrow
Unchain Utopia
Consign to Oblivion
Photos : Flying Shark