Le mois dernier, Dianne van Giersbergen, chanteuse et leader du groupe de prog’ symphonique EX LIBRIS, nous contactait afin de nous parler de ses activités depuis son départ de XANDRIA, en 2017.
Comme vous le constaterez, la talentueuse interprète est loin de se tourner les pouces… Après la sortie des deux premiers EP de leur trilogie « Ann », centrés sur les personnages historiques d’Ann Boleyn, deuxième épouse d’Henry VIII, et Anastasia Romanova, fille du tsar Nikolai II de Russie, EX LIBRIS va bientôt révéler le troisième et dernier chapitre, qui devrait sortir au début de l’automne ! Les paris sont ouverts…
Chapter 1 – Ann Boleyn (2018)
Qu’est-ce qui a motivé EX LIBRIS à proposer, non pas un album, mais trois EP contenant trois titres chacun, et dont les sorties seraient espacées de plusieurs mois ?
Dianne – A l’origine, c’était avant tout une question pratique. Quand on a commencé à réfléchir au successeur de « Medea » (2014), je faisais encore partie de XANDRIA. Il nous paraissait presque impossible de se lancer dans la conception d’un album, à cause de mon emploi du temps de l’époque ! C’est pourquoi on a adopté cette forme de chapitres qui seraient liés entre eux par le nom « Ann » porté par les personnages…
Chapter 2 – Anastasia Romanova (2019)
Pourquoi avoir choisi ce prénom ?
Il nous est venu lors d’une de nos réunions de groupe. A vrai dire, tout s’est décidé en une soirée ! On réfléchissait aux personnages qu’on aimerait dépeindre. Bob et moi avons tout de suite été très emballés à l’idée de parler d’Ann Boleyn. Suite à quoi, Coen, notre claviériste, a songé à Anastasia, avant que l’on trouve enfin la troisième, dont je ne peux toujours pas parler, pour le moment…
C’était justement l’une de mes questions suivantes, mais je me doutais bien que tu garderais le secret !
Tout ce que je peux dire, c’est que son nom est « Ann »… (Rires !)
Pouvons-nous avoir un indice sur le lieu et l’époque du personnage ?
A ce niveau-là, je ne peux pas vraiment en dire plus. Il s’agira encore d’une histoire complètement différente, même si sa mort est de nouveau engendrée par d’autres personnes, et son destin ne lui appartient pas. Sinon, il s’agira d’une période, d’un cadre et d’un pays différents. C’est pourquoi on va inclure de nouvelles sonorités.
Ce concept a-t-il requis un travail plus ou moins conséquent de documentation sur ces femmes historiques ?
Un travail très conséquent ! Actuellement, je travaille d’arrache pied sur la troisième « Ann » afin d’éviter toute erreur ! Je ne voudrais surtout pas me tromper sur les faits… (Rires)
Ex Libris
L’Histoire est un sujet qui vous intéressait déjà, chez EX LIBRIS ?
En un sens, oui. J’ai longtemps étudié la musique classique, et l’Histoire en est indissociable. J’ai donc développé un goût pour ce sujet avec l’étude de divers opéras, pour lesquels il est important de connaître le contexte historique. C’est crucial pour appréhender le personnage. Finalement, c’est un peu ce qu’on fait avec EX LIBRIS : on écrit notre propre opéra !
Certaines de tes parties vocales peuvent être très théâtrales, et même poignantes, à en juger, par exemple, la fin d’Exile. Ce genre de performance nécessite-t-elle une préparation supplémentaire, juste avant l’enregistrement ?
Je dirais qu’il faut un maximum de concentration. Mon approche n’est pas de penser à quelque chose de triste pour interpréter un tel morceau, car je pense que ça sonnerait vraiment faux. Je ne peux même pas imaginer ce que ça fait de se retrouver dans une telle situation : se voir poussée dans une petite pièce avec toute sa famille et avoir à attendre… Ce serait idiot d’imaginer cela. En revanche, je peux imaginer la peur que cela a engendré. Tout le monde ressent ce sentiment à un moment ou à un autre de sa vie. Ajouté à mes recherches, c’est ce sentiment là que j’ai gardé en tête pour l’enregistrement d’un morceau comme Exile. On l’a enregistré en une prise… Et ça m’a vidé de toute énergie ! (Rires)
Dianne van Giersbergen par Lori Linstruth
Ce n’est pas étonnant ! D’ailleurs, tes lignes de chant semblent infiniment plus variées et impressionnantes que sur XANDRIA !
Merci ! J’aime toujours la musique de XANDRIA, qui est très différente de celle d’EX LIBRIS, mais vocalement, je devais m’en tenir à une certaine approche, qui ne représente qu’un aspect de ce dont je suis capable. Je suis ravie d’avoir une liberté totale avec mon groupe, et de pouvoir me lâcher complètement !
Au passage, pendant que nous parlions, je pense avoir deviné de quel personnage vous allez parler dans le troisième chapitre…
C’est ça qui est drôle avec ce type de concept : les fans se sont beaucoup amusés à deviner. On a beaucoup aimé interagir avec eux de cette manière !
Parlons maintenant de ta collaboration avec l’organisation humanitaire Secret Projects, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, où toi et d’autres musiciennes issues de la scène (Alissa White-Gluz, Floor Jansen…) avez présenté divers modèles de saris pour soutenir les activités salariées des femmes en Inde. Comment en es-tu venu à y participer ?
C’est grâce à Irene Jansen, la sœur de Floor, qui m’a demandé si ce projet m’intéresserait, après m’avoir expliqué de quoi il s’agissait exactement. J’ai tout de suite accepté ! Le jour du photoshoot aux Pays-Bas, j’étais justement disponible. Les choses se sont bien faites ! A nous de faire passer le mot afin de sensibiliser le plus de gens et soutenir ces actions.
Dianne arborant le modèle « red eye » de la collection She Rocks Secret Sari
C’est toi qui as choisi la robe que tu porterais ?
Oui ! C’était l’un des aspects les plus sympathiques (Rires) Il fallait avant tout qu’on se sente bien dans la robe qu’on porterait. J’en ai essayé plusieurs, mais mon choix s’est porté sur celle-ci. Je suis tout le temps en rouge, de toute façon, donc je suppose que c’était prédestiné !
En septembre, tu vas participer aux concerts d’AYREON qui célèbrent le vingtième anniversaire de l’album « Into The Electric Castle ». Il s’agira de ta toute première collaboration avec Arjen Lucassen. Comment en es-tu venu à rejoindre le lineup, qui compte notamment la participation d’Anneke van Giersbergen, Damian Wilson ou encore George Oosthoek et Fish ?
Je crois que je connais presque tous ceux qui y participent… (Rires) Ces dernières années, j’ai également fait plus ample connaissance avec Arjen. C’est lui qui m’a fait cette proposition directement, et j’ai tout de suite dit oui !
Étais-tu fan de ses albums ?
Oui, et j’ai déjà assisté à deux de ses concerts, dont The Theater Equation, en 2015… J’aimais déjà beaucoup son travail, mais aussi les adaptations live. C’est une sacrée production ! J’ai adoré.
Sans compter qu’Arjen est un musicien incontournable de la scène prog’ / metal. J’aime aussi particulièrement quand il mêle ces influences à des sonorités plus folk… Il y a vraiment cet aspect joyeux dans sa musique que j’aime beaucoup !
Into The Electric Castle (1998)
Son projet THE GENTLE STORM (2015) avec Anneke van Giersbergen est bien représentatif de ses deux identités…
J’adore THE GENTLE STORM ! La musique est magnifique. C’est vraiment dommage qu’ils n’aient fait qu’un seul album… Je devrais convaincre Arjen de faire un deuxième album, mais cette fois, avec l’autre van Giersbergen… (Rires) Oui, je fais mon auto-promotion, sans aucune honte ! (Rires)
A part EX LIBRIS, est-ce que tu as un autre projet sur le feu ?
Mis à part mon activité de fabrication de bijoux « Precious Metal », qui me prend beaucoup de temps, je me consacre à EX LIBRIS. C’est pourquoi j’ai dû refuser énormément de collaborations. Mes journées sont bien remplies. Mais ça vaut le coup ! Sans me vanter, je pense que les gens sont pas mal emballés par les bijoux que je confectionne : le nombre de commandes sur ma boutique explose en ce moment, et j’en suis ravie ! Ca fait toujours plaisir de posséder un bijou créé à partir d’une corde de guitare ou de basse utilisée par un artiste dont on est fans…
Des dates de concerts sont prévues en 2019 pour EX LIBRIS ?
Je ne sais pas si ça sera pour cette année, même si je serais entièrement partante, encore faut-il que nos emplois du temps nous le permettent ! (Rires) Pour le moment, on se concentre sur la sortie du troisième chapitre. Par la suite, on aimerait organiser quelques concerts exclusifs, et faire passer la qualité avant la quantité… On ne va pas se lancer dans de grosses tournées avec six concerts d’affilée pour un seul jour de repos… Je ne me vois plus faire ça ! Je n’y ai jamais pris de plaisir, par le passé… Pour moi, faire de la musique, c’est avant tout se faire plaisir à soi, puis la partager dans un second temps.
Dans la mesure où vous avez sorti des albums conceptuels, les concerts en seront-ils impactés d’une manière ou d’une autre ?
J’adorerais que ce soit le cas ! Et je pense qu’on n’a pas le choix, étant donné notre univers. Autrement, ces concerts ne seraient pas à la hauteur des attentes. Ceci dit, on doit encore réfléchir à la façon de mettre ça en place. C’est nous qui financerons nos propres concerts, sans promoteur, donc l’aspect financier est à prendre en considération avant toute chose…