Assister au concert solo en salle d’un artiste qu’on a l’habitude de voir dans des arènes est toujours une expérience intéressante : le chanteur et bassiste finlandais, qu’on ne présente plus, se produit ainsi à la belle Machine du Moulin Rouge dans le cadre de sa tournée européenne pour un concert qu’on peut facilement qualifier de simple et intimiste, tandis que le musicien se voit libéré de la grandiloquence et des effets spéciaux qui caractérisent les concerts de NIGHTWISH depuis une quinzaine d’années.
Fort d’un très bon album, sorti en mai 2019 dans sa version finnoise (« Mustan Sydämen Rovio »), puis début 2020 dans sa version anglaise (« Pyre Of The Black Heart »), Marco (ou Marko), qui débarque pieds nus et habillé d’une chemise aux couleurs claires tout droit sortie des Seventies, a l’opportunité de nous jouer l’intégralité de son œuvre : la diversité des titres, mais aussi leur caractère accrocheur, voire poignant selon les passages, sont bien mis en valeur, en dépit d’un show qui n’apporte pas réellement de péripétie majeure, mais qui a le mérite de nous faire passer un bon moment.
Il n’empêche que démarrer avec Star, Sand And Shadow est en soi relativement audacieux de la part de cette « superstar » du metal symphonique finlandais, et tout moyen de se distinguer du genre est bienvenu. En plus, les spectateurs ne cachent pas leur enthousiasme, à en juger leurs acclamations chaleureuses.
Marko Hietala et Tuomas Wäinölä
Alors, certes, la Machine est bien loin d’être remplie à ras bord (la faute au Mardi ? Ou peut-être au concert des NANOWAR OF STEEL qui ont, il faut bien le dire, rameuté pas mal de populace ?) : mais cela n’appuie que davantage cette impression de show exclusif et intime, et l’artiste exprime d’ailleurs entre deux morceaux son plaisir de retourner dans les « clubs », dans la mesure où « (son) emploi principal ne (lui) le permet plus » !
Le fait de n’avoir qu’un seul album à son actif pousse Marko à rajouter trois reprises : si le cultissime War Pigs revendique son attachement pour le heavy metal originel, Marko sait surprendre avec un David Bowie qui ne dénote pas dans la setlist. Quant à sa reprise du chanteur finlandais Hector, elle démontre une certaine fierté pour ses propres origines – même s’il aurait été un tantinet pour pertinent d’opter pour un titre en finnois de son propre répertoire. Pour ce qui est de ses autres groupes et projets, aucun n’est représenté… Et c’est tant mieux !
A plusieurs occasions, Mister Hietala s’adresse à la foule, et même s’il a encore du chemin à faire en terme de dynamique dans ses interventions (n’est pas Devin Townsend qui veut), il fait l’effort d’exprimer régulièrement sa gratitude avec sincérité. Non dénué d’une certaine timidité par moments à la vue des spectateurs qui le fixent de leurs yeux ronds (ce qu’il n’omet pas de faire remarquer !), il semble réellement ravi d’être là et de se lancer enfin dans cette tournée.
En ce qui concerne le lineup sur scène, il est loin de faire décor, et prend vraiment part à la soirée : Vili Robert Ollila et sa très longue chevelure blonde sont en furie derrière les claviers, tandis que Tuomas Wäinölä, quoique plutôt réservé (quand bien même il interrompt Marko lorsqu’il annonce le mauvais titre !), nous fait part de son indéniable talent aux guitares électrique et acoustique. Quant à Anssi Nykänen, il semblerait que son interminable solo de batterie soit un gentil pied de nez de fin de tournée à l’attention de ses compagnons, si on considère les mines amusées de ces derniers ! Clairement, Marko a su s’entourer de personnalités aussi humbles que talentueuses pour le soutenir en live.
Finalement, l’image la plus marquante de ce concert survient lors de la sublime Truth Shall Set You Free, qui donne l’occasion au chanteur de délaisser basse et micro et d’accompagner les autres… au violoncelle ! L’atmosphère presque onirique qui s’en dégage finit de charmer l’audience et procure au concert une intensité absolument inattendue…
Une jolie soirée pour atténuer le blues d’hiver !
SETLIST
Star, Sand and Shadow
Dead God’s Son
The Voice of My Father
For You
Death March for Freedom
Olet Lehdetön Puu (reprise d’Hector)
I Dream
I Am the Way
Runner of the Railways
Starman (reprise de David Bowie)
Stones
RAPPEL
War Pigs (reprise de Black Sabbath)
Truth Shall Set You Free
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Photo : Béranger Bazin pour Loud TV