C’est le 31 janvier prochain que MAYAN, la formation de Mark Jansen, présentera aux fans son deuxième album : « Antagonise ». Le mois dernier, Jack Driessen (claviériste et compositeur) s’est entretenu avec nous à propos de la direction musicale prise par le groupe, des guests ou encore de l’évolution du line-up…
D’après moi, « Quarterpast » (2011) ressemblait beaucoup à du EPICA. Avec « Antagonise », il semblerait que MAYAN ait enfin trouvé sa propre identité. Avez-vous défini au préalable à quoi ressembleraient les morceaux ?
Jack Driessen – Pas vraiment. Bien sûr, Simone (Simons, EPICA) a participé au premier album. Maintenant, il y a surtout Laura (Macrì) et Henning (Basse), qui chante beaucoup plus. C’était un choix délibéré : on a écrit les morceaux en pensant à leur voix. On retrouve également la combinaison de la voix d’Henning et des screams de Mark. C’est comme ça qu’on a procédé. Comme tu le sais, Mark et moi avons écrit les morceaux, mais cette fois en réfléchissant bien aux passages qui conviendraient le mieux à Henning, et ceux qui conviendraient le mieux à Laura. C’est une bonne chose de penser que l’on a trouvé notre propre identité… C’est ce qu’on croit également, mais c’est surtout parce qu’Henning chante beaucoup plus que cet album diffère de « Quarterpast ». Il me tarde de savoir ce que les fans en penseront quand il sortira !
Avec « Antagonise », il n’est plus si évident de définir votre style ; on retrouve du Death Metal, des riffs Heavy, de très bons éléments symphoniques, mais également de l’opéra en italien et en espagnol ! Comment qualifierais-tu votre musique ?
Bonne question. Le premier album s’apparentait plus à du Death Metal symphonique ; maintenant, le fait qu’Henning participe autant rend le tout un peu plus progressif. C’était un défi de rendre le tout agréable à écouter car il y a beaucoup d’éléments. D’après moi, les morceaux de « Quarterpast » étaient un peu expérimentaux. Maintenant, on a fait en sorte d’écrire une chanson comme une chanson, et pas en faisant simplement succéder une partie à une autre. Mais revenons à la question… Si je devais décrire l’album, je dirais que c’est du Death Metal à influence Prog.
Comme nous l’avons mentionné, Laura et Henning ont rejoint MAYAN de manière permanente ; qu’est-ce que cela a changé pour MAYAN ? Ont-ils participé davantage à l’écriture des chansons et des paroles ?
Oui, ils ont aussi écrit des lignes de chant, et Laura s’est occupée d’une partie des paroles, si je me souviens bien. Ils se sont plus impliqués. Quand on a enregistré le premier album, ils n’étaient encore que des musiciens de session ; cette fois, ils ont réellement été présents tout du long, et on savait d’ores et déjà qu’ils nous rejoindraient avant que l’on commence. Il est clair que leur rôle dans ce deuxième album a plus d’ampleur.
Comment en êtes-vous venus à demander à Marcela (Bovio, STREAM OF PASSION) de chanter sur l’album ?
C’est avant tout parce qu’elle a cette voix d’opéra typique que Mark et moi adorons. On lui a également demandé d’enregistrer quelques chœurs, et même du texte parlé. C’était super, elle a une voix d’opéra que l’on distingue bien de celle de Laura, qui a vraiment une voix d’opéra classique. J’adore cette combinaison, et cela vaut aussi pour le reste du groupe. Vraiment, elle gère !
Cette fois, c’est Joost van den Broek qui a produit l’album (ainsi que le prochain album d’EPICA). Pourquoi ne pas de nouveau faire appel à Sascha Paeth, qui a produit tous les albums d’EPICA ansi que « Quarterpast » ? Est-ce qu’il était trop occupé ?
Oh ce n’est pas ça, c’est juste que nous avions un emploi du temps chargé, ce qui nous a amenés à beaucoup plus composer chez nous. Avec Joost, on se demandait s’il pouvait nous apporter quelque chose de différent et on souhaitait voir où cela allait nous mener. Mais c’était surtout à cause de notre propre emploi du temps. On a tous un travail à côté de ça, et bien sûr certains sont également membres d’EPICA.
Nous savons que pour l’artwork de la pochette, Stefan Heilemann s’est inspiré de vos paroles. Mais que t’inspire-t-elle à toi ?
Sur la pochette, on voit ces caméras sur ce monstre ; ce dernier représente les gouvernements qui observent tous nos faits et gestes. Maintenant, la vérité a éclaté au grand jour. Quand Internet a commencé, c’est très vite devenu populaire ; désormais on peut facilement rechercher quelqu’un, mais on sait aussi que le gouvernement peut retrouver toutes sortes d’informations sur nous et écouter nos conversations… Mais bon, c’est tout l’intérêt de la chose. Ils peuvent les utiliser contre nous afin de se protéger et de s’enrichir. On n’a pas notre mot à dire ; on en a simplement conclu qu’il fallait faire avec, que c’est la vie, et que c’est dans ce sens que les choses vont. Il n’y a pas vraiment d’endroit au monde qui ne soit pas contrôlé par la finance ou l’économie. Les caméras que l’on voit nous observent à notre insu. Mais on aimerait s’en débarrasser. C’est quelque chose que nous avons choisi délibérément.
Isaac Delahaye a récemment quitté le groupe. Est-ce qu’un nouveau guitariste va bientôt être annoncé ? Qu’est-ce que tu peux déjà nous en dire ?
On est en train de s’en occuper. Je ne peux pas trop en dire pour l’instant mais je pense que vous allez être surpris… Je vous conseille de guetter le site officiel, vous en saurez plus bientôt.
(Il a été annoncé que ce serait Merel Bechtold, la guitariste de PUREST OF PAIN, qui remplacerait Isaac Delahaye pour les deux Release Party prévues les 30 et 31 janvier prochains, ndlr).
La citation de George Orwell « Eat your heart out » (en français, « Dommage pour toi ») apparait dans la présentation de « Antagonise » sur le site de Nuclear Blast. Dans quelle mesure te sens-tu connecté à Orwell ou encore aux romans d’anticipation ?
Nonne question… C’est Mark qui s’occupe des paroles, donc… Dans le film 1984, on sent que le gouvernement prend le contrôle et que tout un système se met en place au-dessus de nous ; je pense qu’on retrouve des ressemblances. Ça ne m’étonne pas que Mark ait choisi cette référence. Bien sûr, c’est aussi un livre très intéressant.
Comme nous l’avons dit plus tôt, le nouvel album contient du chant en espagnol et en italien, en plus de l’anglais. Pourquoi ne pas représenter la langue néerlandaise, qui est la vôtre ? Je pense que cet ajout aurait rendu l’album parfait !
(Rires) Je dois l’avouer, le néerlandais n’est pas la plus belle des langues qui existent. L’italien ou le français sont des langues très fluides et passionnées ; le néerlandais… c’est un peu comme le finnois, l’accent est très prononcé et ce n’est pas si commun. Par contre on a utilisé l’italien, qui convient très bien aux compos. On n’a pas eu cette impression avec le néerlandais. Je sais bien que certains groupes néerlandais chantent dans cette langue, alors qui sait ?
Floor Jansen nous a dit dans une interview qu’elle chanterait moins dans le nouvel album de MAYAN parce qu’elle n’aurait pas le temps de partir en tournée avec le groupe. Malgré tout, je pense que ses parties chant sont vraiment très limitées. Y-a-t-il une autre raison qui explique cela ?
On souhaitait vraiment qu’elle participe en tant que guest, et on était conscients qu’elle serait très occupée avec son intégration dans NIGHTWISH. On a donc estimé qu’elle ne devrait pas trop chanter car comme tu l’as fait remarquer, ça ne sera pas facile pour elle de nous rejoindre en concert. Mais elle a quand même quelques parties à elle dans l’album et je pense qu’elle a fait du bon boulot, comme d’habitude. Je la connais depuis des années, parce que j’ai fait partie d’AFTER FOREVER quand j’étais beaucoup plus jeune (rires). C’est vraiment super de la voir… je veux dire, qui aurait pu imaginer qu’elle chanterait un jour avec NIGHTWISH ? Beaucoup d’encre a coulé sur la personne qui reprendrait le chant, et elle convient vraiment au groupe. J’ai vu la vidéo live de Ghost Love Score et j’en ai eu la chair de poule, c’était très beau.
Oui, elle est parfaite ! Et pourquoi avoir choisi ces passages en particulier pour elle sur « Antagonise » ?
On avait Floor en tête pour ces passages-là. Quand on s’est mis à écrire les morceaux, on s’est dit que ce serait sympa d’entendre Floor sur ces parties. C’est quelque chose qu’on a défini avant de commencer. Autrement, ça n’aurait pas été possible d’attendre le studio pour se décider, on savait qu’elle avait un emploi du temps chargé.
Si Floor ne part pas en tournée avec vous, est-ce Laura qui se chargera de toutes les parties de chant féminin en live ?
Laura et Marcela se partageront les parties. Mais on est toujours en pleins préparatifs ; bien sûr ça serait génial d’accueillir également Floor sur scène. Nous verrons si cela peut se faire. C’est toujours très compliqué de réunir tous les musiciens qui ont participé à un album. J’espère qu’on y parviendra.
Vous avez tourné en Amérique du Sud en 2011, alors que vous n’aviez qu’un album ; j’imagine qu’avec ce deuxième album vous serez en mesure de visiter des pays européens, tels que la France, au hasard…?
Avec le premier album, on a eu l’occasion d’ouvrir pour Epica, mais maintenant on a besoin de faire ça pour nous-mêmes. On doit s’assurer qu’on peut ramener du monde sans l’aide d’un autre groupe. Ça représente un défi, mais on a déjà deux bonnes Release Party de prévues, et on est en train de prévoir quelques festivals pour cet été. Quand l’album sera sorti, nous verrons si nous pouvons faire plus de dates. La France est une éventualité, mais également d’autres pays. Ce serait aussi super de jouer au Royaume-Uni. Mais tout cela dépend surtout du succès d’ « Antagonise ». Nous verrons bien ce qui arrive. Je l’espère, en tout cas.
Vous voulez donc devenir complètement indépendant d’EPICA ?
Au début, on a reçu des remarques comme quoi nous devions moins ressembler à EPICA. Après tout, la ressemblance n’est pas anodine puisque quatre membres faisaient partie du groupe, même si Isaac a ensuite décidé d’arrêter. Mais cette fois Simone ne chante pas sur cet album, qui se focalise plus sur Laura et Henning. Je pense que c’est différent, désormais.
Je me demandais quelles étaient tes activités en dehors de MAYAN, si tu avais d’autres side-projects ou si tu prévoyais d’en avoir ?
Dans la vie de tous les jours, je suis testeur informatique de logiciels pour une société ; c’est complètement différent mais je peux aussi y exploiter ma créativité. J’aime aussi composer de la musique classique ou des arrangements symphoniques. Mais je n’ai pas d’autres projets que MAYAN, je suis déjà très occupé.
Et pour finir, une simple question : as-tu déjà été en France ? Si oui, où es-tu allé ?
L’année dernière je suis allé vers Perpignan. C’était vraiment joli et on a beaucoup apprécié.