Jamais la Saint-Patrick aura eu une importance aussi réduite en ce 17 mars 2018, aussi grand soit notre attachement pour l’Irlande, la fête, et, bien entendu, les beuveries inhérentes à cette célébration ! Mais ce soir, c’est RHAPSODY qui joue, qui plus est dans le cadre de leur tournée d’adieu, et à guichets fermés. Cet événement immanquable se déroule dans la belle salle du Metronum à Toulouse, qui offre des conditions live idéales pour l’une des deux seules dates françaises prévues…
Aura Danciulescu
SCARLET AURA introduit la soirée de son heavy metal 1980’s, et donc par extension de ses refrains catchy et mélodiques à souhaits. La chanteuse Aura Danciulescu, aux faux-airs d’une Doro plus jeune, lancera un « You have nothing to lose, Toulouse! » bien placé pour chauffer un public encore froid ! Le groupe exprime sa reconnaissance ainsi que son enthousiasme, et parviendra à motiver les premiers rangs tout au long du show.
La formation roumaine prend congé sur leur propre reprise de The Final Countdown qui passe en fond, et cède leur place aux Finlandais de BEAST IN BLACK, groupe de l’ex-guitariste de BATTLE BEAST. Dès les premières notes, on se demande pourquoi Anton Kabanen a souhaité se désolidariser du groupe original, tant les deux se ressemblent à s’y méprendre (si on excepte la voix haut perchée, qui tranche complètement avec celle très rauque de Noora Louhimo) !
Beast In Black
Mis à part les micros de la batterie réglés beaucoup trop fort (et une suspicion de playback sur le premier morceau !), les compos’ convainquent, et une envie de danser s’empare même de nous lors de Crazy, Mad, Insane, titre heavy aux multiples samples rétro issus de la décennie évoquée plus tôt. À l’occasion, les guitaristes et bassiste, volontairement statiques tels des robots, revêtent des lunettes LED faisant défiler le nom du morceau, pour un effet des plus kitsch et futuriste ! Ce genre d’initiative a le mérite de dévoiler une facette plus décalée de la formation.
Rhapsody
C’est sur une version remaniée de l’apocalyptique In Tenebris que les puissants RHAPSODY font leur entrée. Nul doute que les épreuves que le groupe a traversées ces douze dernières années auront été difficiles, et relativement compliquées à suivre pour les fans, entre modification de nom, départs, division de la formation en deux bien distinctes et autres problèmes légaux sur lesquels le public n’a pas toute la lumière… Il est clair que leur capital chance n’a en règle générale pas été très élevé, et on comprend donc que Luca Turilli ait été contraint de mettre fin à l’aventure – du moins, à « son » RHAPSODY, puisqu’Alex Staropoli persévère avec un tout nouveau lineup.
Ce dernier brille par son absence, ayant préféré se focaliser sur RHAPSODY OF FIRE, plutôt que de participer à cette tournée d’adieu. Malgré la prestance de chaque membre, en particulier Fabio Lione et Luca Turilli (qui, littéralement, court et saute de partout !), on ne peut s’empêcher de noter l’absence des claviers, et combien il aurait été formidable que le co-fondateur du groupe soit présent. Mais cela ne nous privera pas de l’extrême plaisir de savourer tous ces morceaux, ce soir…
Fabio Lione et Dominique Leurquin
On commence sur des chapeaux de roue avec Dawn Of Victory, que l’audience s’empresse de scander à l’unisson. Dès cette entrée en matière, on comprend que RHAPSODY est parvenu à un niveau de performance et de professionnalisme exceptionnel, tout en préservant la magie qui fait leur particularité, et que nous ne retrouvons pas nécessairement chez les groupes à la notoriété équivalente.
Fabio Lione
Nous serons surpris de n’entendre aucun titre issu des quatre derniers albums co-composés par Luca (à savoir :
« Symphony Of Enchanted Lands Part II » (2004), « Triumph Or Agony » (2006), « The Frozen Tears Of Angels » (2010) et « From Chaos To Eternity » (2011)). Nous n’aurions pourtant pas dit non, par exemple, à un petit Unholy Warcry, qui a maintes fois été joué par le passé, notamment lors des concerts de LUCA TURILLI’S RHAPSODY. Mais il est clair que les musiciens présents sur scène chérissent davantage les cinq premiers opus, qui regorgent de titres tous plus puissants et glorieux les uns que les autres, à l’instar des bombes Knightrider Of Doom et Power Of The Dragonflame aux refrains profondément fédérateurs, des cultissimes Holy Thunderforce, Land Of Immortals et Emerald Sword, du magnifique The Village Of Dwarves, au soupçon de folk irlandais qui tombe bien à propos, ou encore de Wisdom Of The Kings et de sa longue partie instrumentale néo-classique. Quant à la Symphonie du Nouveau Monde version RHAPSODY (intitulée The Wizard’s Last Rhymes), elle met clairement le feu au Metronum !
Ce soir, Fabio communiquera énormément avec l’audience, que ce soit pour raconter des histoires basées sur son vécu ou simplement interagir avec le public. Il exprimera même quelques mots dans un très bon français, et n’omettra pas de relever que « le batteur est allemand, les guitaristes, italien et français« , et qu’il n’y a donc aucune raison de parler en anglais, d’autant qu’il a « appris cette langue à l’école » et devrait selon lui « être bon » !
Bref, Fabio conquiert l’audience. Le chanteur fera même un long hommage à Christopher Lee en révélant quelques anecdotes sur la session d’enregistrement de Magic Of The Wizard’s Dream, et montre par la même occasion qu’il est capable d’imiter à la perfection la voix unique de la star ! RHAPSODY lui dédie l’imposante Beyond The Gates Of Infinity, l’acteur anglais ayant affirmé à Fabio qu’il n’était pas éternel…
Luca Turilli
C’est en outre l’album « Symphony Of Enchanted Lands » (1998) qui sera le plus représenté sur scène lors de la tournée : la déchirante ballade Wings Of Destiny n’amenuise aucunement l’intensité du show et nous fait pleinement profiter de la voix de Fabio. La même chose se reproduira sur la reprise inattendue d’Andrea Bocelli Con Te Partirò, ainsi que sur l’introduction du morceau éponyme : notre chanteur, alors seul sur scène et noyé dans une lumière bleue, a alors tout le loisir de déployer sa virtuosité, tandis que les spectateurs restent scotchés par tant de beauté ! À mi-chemin, nous pourrons savourer son superbe chant de tenor sur le passage originellement interprété par une soprano.
Avec une telle setlist, RHAPSODY aurait grandement mérité la présence d’un orchestre. Et pourtant, leur seule excellence, alliée à des titres aussi majestueux qu’accrocheurs, a suffi à contenter les fans, dont la reconnaissance aura bien été visible ce soir… Gloria Perpetua !
SETLIST
In Tenebris
Dawn Of Victory
Wisdom Of The Kings
The Village Of Dwarves
Power Of The Dragonflame
Beyond The Gates Of Infinity
Knightrider Of Doom
Wings Of Destiny
Riding The Winds Of Eternity
Symphony Of Enchanted Lands
Solo de batterie
Land Of Immortals
The Wizard’s Last Rhymes
Solo de basse
Con Te Partirò (reprise d’Andrea Bocelli)
Holy Thunderforce
RAPPEL
Rain Of A Thousand Flames
Lamento Eroico
Emerald Sword
…And the Legends Ends…
Photos : Ludovic Fabre pour Hard Force