Après une nuit sous la pluie, c’est à midi tapantes que le premier concert sur la Mainstage commence, à savoir Tony Foresta avec son autre groupe IRON REAGAN ! Très fan de MUNICIPAL WASTE, que j’ai déjà vu deux fois, je suis enchanté d’aller voir ce groupe que je connais beaucoup moins. On compte un total de quarante-cinq minutes où l’audience se défoule en circle pit sous la pluie ! On en profite autant que l’on peut, même s’il n’y a pas foule, car ça restera un des rares concerts de Thrash du festival pour cette année.
Groupe allemand que je ne connaissais pas avant de les voir sur l’affiche, LORD OF THE LOST nous a offert un concert des plus endiablé, et pourtant, ils font du metal gothique. Sur scène, les morceaux sonnaient beaucoup plus agressifs que sur album, et c’est une très bonne surprise. Comme s’ils savaient que le public n’était pas acquis à leur cause, ils ont ouvert le set avec leurs titres les plus catchy et populaires, On This Rock I Will Build My Church et Loreley. Une petite reprise de La Bomba a terminé le set de près d’une heure avec des allemands qui se sont réveillés et sont venus en masse.
Autre groupe allemand, totalement inconnu pour moi, VERSENGOLD est un groupe de folk dont seuls les Allemands ont le secret. On imaginerait mal de voir un groupe de ce genre dans un festival metal en France, mais force est de constater que les Allemands sont venus en masse pour assister au concert, et que ce genre est très populaire au sein du public metal allemand. A priori très populaires, les paroles sont scandées pas le public.
Un des groupes qui m’a fait faire plus de 700 kms pour le festival : AVATAR, même si à mon sens il auraient mérité une place plus haute sur l’affiche (comme pour l’ALCATRAZ qui les a placés en tête d’affiche). La scène est très épurée, avec un drapeau rouge aux couleurs du dernier album « Avatar Country » (2018) et le nom du groupe en LEDS. On est habitué à plus de folie pour ce groupe… Il s’agissait de leur première participation au Summer Breeze, et même si le chanteur Johannes n’a pas pu discuter avec le public comme il le fait en salle, la communication et son rire resteront deux points-clé du show. Les riffs ont explosé, tout en restant très groovy, et ont captivé la foule. C’est un groupe à suivre de très près : s’il continue sur sa lancée, il fera bientôt les têtes d’affiche.
On m’a toujours dit d’aller voir KVELERTAK, mais je n’en avais encore jamais eu l’occasion, jusqu’à ce jour-là. Complètement défoncé (pour notre plus grand plaisir), le nouveau chanteur Ivar Nikolaisen, qui a succédé à Erlend Hjelvik en 2018, a mis la barre haut, mais je n’arrive pourtant pas à rentrer dedans : sur les morceaux les plus anciens, le chanteur actuel ne collait pas, et je n’ai pas reconnu les morceaux qui pourtant tournaient en boucle dans mon lecteur audio. Malgré la popularité grimpante du groupe, la mainstage n’était peut-être pas le choix le plus judicieux. Toute l’énergie et la bonne volonté du groupe se sont dissipées, et les pogos n’étaient pas féroces. J’ai déjà hâte de revoir les Norvégiens dans une petite salle, pour avoir quelque chose de beaucoup plus punchy.
Vus (et découverts) en 2013 où ils assuraient la tête d’affiche du samedi soir, IN FLAMES était de retour à Dinkelsbuhl six ans et trois albums plus tard. Placés en haut sur l’affiche, ils ont débuté leur show en début de soirée. Six titres du dernier album « I, The Mask » ont été joués parmi les très bons Pinball Map, Cloud Connected, ou encore The End. L’ambiance était à son comble ! Les groupes de death mélo, qui varient les types de chants, ont la côte auprès du festival. Difficile de se frayer une place jusqu’au pit qui était en feu, et une fois à l’intérieur, difficile de ne pas être happé par l’énergie générale qu’il se dégageait.
In Flames vu du pit
Impossible pour moi de louper le show de MESHUGGAH sur la Mainstage. Enveloppés de lumière, et déployant riffs endiablés et technicité, les Suédois ont démontré qu’ils étaient dignes des plus grandes scènes européennes. Pendant une heure et quart sans communication aucune, le groupe a montré ce qu’il savait faire de mieux en terminant avec Clockworks, Lethargica, Bleed et Demiurge.
La légende qu’est CRADLE OF FILTH a clôturé la journée sur la Mainstage… Mais en 2019, la magie n’opère plus. Malgré ses talents vocaux qui lui ont permis de grimper sur les plus grandes scènes d’Europe, Dany n’est pas arrivé à réaliser l’exploit. Le chanteur a beaucoup perdu, les compositions ont à mon sens très mal vieilli, et j’ai eu du mal à reconnaître les morceaux que je connais pourtant. Avez-vous déjà bloqué la queue de votre animal de compagnie dans une porte ou sous votre pied par mégarde ? Si oui, dites-vous que le son qu’émet votre animal à ce moment-là n’est pas très éloigné de la technique de chant employée par Dany…
Terrassé par la journée, je me dis que si j’ai supporté Cradle, je devrai me récompenser avec ANAAL NATHRAKH qui joue sur la T-Stage de 2h15 à 3h15, et ce fut une très bonne surprise ! Je ne m’attendais pas au mélange de sons électro et metal avec un groupe que l’on m’avait présenté comme étant du black metal. L’énergie déployée par le groupe lui sera bien rendue malgré l’heure, avec des wall of death et autres circles-pits. Ils ont aussi insisté sur le fait qu’ils n’avaient pas le droit de demander au public des Wall Of Death pour des raisons légales, mais que s’ils étaient spontanés, ils n’auraient aucun souci ! Rappelons que le WACKEN avait en 2017 affiché dans les loges des artistes des articles qui menaçaient de couper le jus si le groupe demandait un Wall Of Death. Ce n’est heureusement jamais arrivé.
C’est complètement cramé que je suis arrivé à la tente ! Le temps de me remettre de cette journée de malade avec une petite bière, j’ai songé qu’il allait falloir être endurant, car le lendemain, on commencerait à 14H !
Qui a dit que le metal ne pouvait pas être destiné aux enfants ? Avec HEAVYSAURUS sur l’affiche, le Summer Breeze réveille un souvenir vieux d’il y a six ans pour moi, quand j’étais tombé par hasard sur le groupe sur YouTube. Pour l’occasion, l’organisation du festival a fait rentrer des familles avec des jeunes enfants dans la zone du camping où se situe la Ficken Party Stage. Apprenons à lire et à compter avec les dinosaures du heavy metal finlandais ! Je ne sais pas si les enfants ont profité du show, mais les festivaliers, eux, ont accueilli le groupe comme il se devait pour leur premier passage en terre Allemande !
Dernier groupe rajouté au lineup, et pas des moindres : SKINDRED a enflammé la Mainstage ! Sorti en 2018, « Big Tings » est très largement représenté. Ce qui n’avaient jamais vu SKINDRED ont eu droit à une sacrée surprise : les musiques ne sonnent pas comme en album, et Benji, qui porte le groupe depuis 1998, est une vraie bête de scène totalement portée par sa musique, dansant et sautillant sur place. Ici encore, il a dégagé une énergie folle.
Un quart d’heure plus tard, les Australiens d’AIRBOURNE ont pris place sur la Mainstage pour un show qui a réuni une grande partie des clichés que l’on peut avoir sur le hard-rock et l’Australie : gros amplis apparents, costumes de kangourou et grands verres de Jack Daniel’s, le tout accompagné de riffs et d’à priori, classiques. C’était la deuxième fois que je les voyais, mais je ne suis toujours pas parvenu à apprécier. Je pense qu’il faut vraiment être dans le délire « Hard Rock Old School » pour être happé par le groupe. Je suis resté tout le show en attendant le moment où ça deviendrait fou, afin de comprendre pourquoi le groupe joue à guichets fermés partout en Europe… Mais ce moment n’est jamais arrivé.
Tête d’affiche majeure du festival (comme en 2016), PARKWAY DRIVE a explosé depuis son remaniement en 2015 avec le surprenant album « Ire » et l’incontournable Vice Grip, et a transformé l’essai avec un « Reverence« , qui, même s’il prenait moins de risques, était une suite à la hauteur de ce que les fans attendaient. Ces deux albums sont taillés pour le live, avec les choeurs, les refrains chantants, et les breakdowns faciles. Le groupe de core a su évoluer pour proposer son propre genre. J’ai dû aujourd’hui me résoudre à ne pas profiter de mes morceaux préférés en live, à savoir, ceux extraits de l’album « Atlas », et de ne pas me fermer le groupe pour ça. Le contraire aurait été une erreur : le groupe a su prouver qu’ils avaient beaucoup évolué et qu’ils pouvaient tenir des Mainstages dans des festivals majeurs sans sourciller, tout en proposant des shows dignes des plus grandes têtes d’affiche.
Les lumières et la pyrotechnie sont incroyablement bien gérées, et un quatuor à cordes est monté sur scène pour les intros aux violons de Writings On The Walls et Shadow Boxing. Cela a procuré un aspect beaucoup plus profond au concert. Le public était très largement acquis à leur cause, et cela a donc donné lieu à des mouvements de foules assez incroyables. Honnêtement, je ne sais pas dans combien de temps on les verra remplir les plus grandes salles d’Europe, voire les stades, mais je pense qu’on tient là un groupe qui a l’ambition et les capacités de devenir une tête d’affiche majeure. PARKWAY DRIVE a le sens du spectacle et de l’explosif, leur énergie est communicative et renverse tout au passage.
Retour sur l’autre scène du festival pour voir un show de leurs amis Australiens THY ART IS MURDER, qui ont donné un concert très politique, anti-Trump, pro vegan, et de manière générale « Anti-assholes », pour utiliser leurs mots. Un deathcore très engagé certes, dans la veine de leur dernier album « Human Target », mais qui n’en oublie pas les fondamentaux qui leur ont fait grimper les marches, avec beaucoup de titres tirés des anciens albums « Holy War » ou « Dear Desolation ». Le groupe, qui s’impose en tant qu’acteur majeur de la scène deathcore, est arrivé sur mon titre préféré, a savoir Death Squad Anthem. J’ai tout de suite compris que le groupe allait faire dans la folie. Appelant le public a plusieurs reprises sur le fait de se bouger, car « ce n’est pas parce que vous étiez devant PARKWAY DRIVE plus tôt, que maintenant vous n’avez plus d’énergie ! », ils ont encouragé le plus gros circle pit de la scène. Le groupe sera en tournée à travers l’Europe en février prochain avec des guests de qualité : je vous invite à vous y rendre si vous aimez le deathcore !
Une heure plus tard, à 2h15 c’est CYPECORE qui est venu faire la promo du CYPEFEST qu’ils organisent tous les ans en Allemagne. Un show unique pour découvrir le groupe et leur ambiance. Le groupe de metal industriel mélange des éléments de death mélodique. C’est assez particulier, mais le tout a assez bien fonctionné. De nuit, le light show était très travaillé, avec des costumes qui éclairaient la scène, des chœurs, et du feu. Il fallait au moins ça pour me tenir éveillé jusque 3 h…
Dernier jour du festival et pas des moindres, le samedi a proposé beaucoup de folk et de hardcore. Très friand des deux styles, j’ai malheureusement dû faire des choix. Je me suis rendu au concert de VAN CANTO, qui a presque été hué pour leur « Hello Wacken » : vu que le groupe ne s’est exprimé qu’en Allemand, je n’ai pas pu comprendre si c’était une blague, ou une erreur… Quasiment exclusif à l’Allemagne, c’était la seconde fois que je voyais le groupe qui propose un metal « a cappella ». Très mauvaise surprise : le son, qui était affreux, le mix des micros, intolérable et a des lieues de ce qu’il faudrait pour rendre hommage à un groupe du genre. Je n’ai pas adhéré au concert à cause de ça, et après cinq chansons, je me suis résolu à m’éloigner en espérant pouvoir revoir le groupe dans des conditions acceptables…
Ils sont venus à vélo, ils habitent à moins de 20 minutes du lieu du festival : EQUILIBRIUM était une fois encore présent a Dinkelsbuhl, pour le plus grand bonheur des festivaliers ! Au fur et à mesure des albums, le groupe s’éloigne du pagan pour faire un death mélodique plus dansant et, à mon sens, moins inspiré. Je ne sais pas si c’était dû à ma fatigue, mais j’ai pensé que, sur la première partie du set, le groupe peinait à ambiancer le public, malgré une cover très populaire de Johnny B. La seconde partie du set a été bien plus agressive, avec des injonctions en allemand au public qui ont eu l’effet de stéroïdes. Un seul titre issu de « Sagas » a été joué : il s’agit évidemment de Blut Im Auge qui a clôturé un set en demi-teinte.
Les monstres du folk que sont ELUVEITIE ont fait comprendre à ceux qui ne l’avaient toujours pas compris que c’était eux les patrons de la scène ! En termes de popularité, déjà, c’est indéniable : il était difficile de se frayer une place dans le pit ! Les chansons ont été chantées, le son était bon, et on entendait bien les différents instruments, de la flûte à la harpe, en passant par le chant de Fabienne… La setlist composée de quinze titres était aux petits oignons. Avec un nouvel album « ATEGNATOS » sorti en avril, le groupe a beaucoup à montrer. Enchaînant les nouveautés et les classiques, le groupe a étalé sa panoplie de titres et de registres en ouvrant le set avec Ategnatos, King et Call Of The Mountains pour finir avec Helveitios, Rebirth et le classique Inis Mona. C’était un super show, et surement un des meilleurs de la journée.
La branlée inattendue tout droit venue de l’espace : BULLET FOR MY VALENTINE ! Désolé d’être vulgaire, mais je n’ai aucune autre idée de comment vous expliquer à quel point je ne m’y attendais pas. J’étais dubitatif au fait de les voir en tête d’affiche, mais j’ai quand même décidé de me rapprocher quand j’ai vu la fumée qui sortait du pit… Et quelle ne fut pas ma surprise ! Le groupe américain avait une prestance irréprochable. Le metalcore que je pouvais entendre quand j’avais 13 ans sonnait de manière très différente et prenait une toute autre dimension. Beaucoup de morceaux que je ne connaissais bien évidemment pas se sont enchaînés, au milieu des classiques Scream Aim Fire, Tears Don’t Fall, ou encore Waking the Demon. Les lumières étaient bien gérées, et le groupe n’a pas démérité sa place en tête d’affiche en assurant un show d’une qualité rare devant un public aussi surpris que conquis.
Ce concert m’a convaincu que le Summerbreeze savait construire ses affiches en plaçant des groupes vus comme moyens à des créneaux d’importance. C’est un pari souvent risqué, mais payant !
Pour terminer, je suis resté en retrait pour LEPROUS qui a fermé le festival sur la Mainstage. Génies pour certains, je ne suis pas parvenu à rentrer dedans, même si le mélange de sons et de chants m’a bercé… Réveillé peu après la fin du show, j’ai regagné ma tente avec une seule idée en tête : revenir en 2020 !