(Retrouvez notre introduction et notre report de la première journée !)
SAMEDI 23 MARS, JOUR 2
PROGNOSIS, mainstage, 15H00 – 15H45
Cette seconde journée démarre énergiquement sur la mainstage avec nul autre que… PROGNOSIS ! D’ailleurs, le chanteur et bassiste Danny Daemon ne manquera pas de lancer dès la fin du premier morceau au public : « Merci, Prognosis ! Nous sommes PROGNOSIS : le groupe ! » Il serait intéressant de savoir si le festival a emprunté le nom du groupe avant ou après les avoir conviés…
Même en n’ayant pas eu le temps d’assister au set entier, on aura compris que la formation originaire de Manchester n’est pas avare en morceaux et passages dynamiques qui motivent le public déjà dense. Mention spéciale au batteur Aaron James Youd, qui se défoule sur son instrument de ses bras à la taille surdimensionnée !
Prognosis
GOLDEN CAVES, small stage, 15H45 – 16H30
Enfin, nous accédons à la small stage ! Du reste, on compte un peu moins de festivaliers que la veille (journée qui, rappelons-le, affichait complet), ce qui facilitera nos déplacements au rez-de-chaussée.
GOLDEN CAVES était sans conteste LE « nouveau » groupe dont nous attendions beaucoup, dans la mesure où nous avions été instantanément séduit par leur album « Collision » (2017). Et leur passage au Prognosis aura fini de nous convaincre.
Le chant intense et passionné de Romy Ouwerkerk, élégamment vêtue, nous comble dès les premières notes feutrées. Au bout de quelques morceaux, la chanteuse gagne de plus en plus en énergie et parvient à nous émouvoir sans effort. Si les autres musiciens restent en retrait, Elise Polman arbore un sourire radieux derrière ses claviers et multiplie les interactions avec l’interprète principale lorsqu’elle l’accompagne au chant.
Golden Caves
On se régale notamment du transcendant Keep Running, où les vocalises et le chant plus rauque ne font que démontrer davantage le talent de Romy, alors soutenue par l’impeccable instrumentation dont GOLDEN CAVES est capable.
Pour notre plus grand plaisir, deux nouveaux morceaux sont joués : Temperature et Light Of The Five, titre temporaire « très Star Wars ! », nous dit l’interprète avec humour. Et ces nouveautés en disent déjà long sur la qualité certaine du prochain album, disponible à l’automne.
Les trois quarts d’heure passent en un rien de temps, et nous n’aurions pas été contre trente minutes supplémentaires… En tout et pour tout, GOLDEN CAVES incarne réellement le nouvel espoir de la scène de rock prog / metal néerlandaise et européenne. Les chaleureux applaudissements parlent d’eux-mêmes, tandis que la chanteuse nous lancera un « Vous avez tout déchiré ! » extrêmement enthousiaste. A suivre de près !
Golden Caves
Après avoir aperçu de loin les GREEN CARNATION, qui ont rassemblé un maximum de fans, nous nous rapprochons de la scène pour la performance de Devin Townsend, la toute première de la tournée acoustique en Europe. Après avoir fait ses propres branchements et réglages sur son Fractal Axe FX II XL+ (pour les connaisseurs, l’artiste explique tout ici ), Devin quitte la scène avant de vite revenir, la guitare à la main, et sans avoir retiré son bonnet et ses lunettes de vue au préalable (bien qu’il s’en séparera un peu plus tard, à la manière d’une rock star qui enlèverait le haut !). Enfin, la présence d’un deuxième pied de micro n’aura échappé à personne, et tout autour de nous, les fans prononcent avec espoir le nom d’une certaine Anneke van Giersbergen…
Si les concerts du Canadien marquent systématiquement les esprits, qu’elle que soit la configuration, aujourd’hui, le génie nous captive comme jamais auparavant : durant une heure de show, Devin s’adresse à nous sans détour, en avouant tranquillement qu’il s’agit d’avantage d’une date de rodage pour la tournée acoustique à venir, et qu’il ne sait pas vraiment à quoi ce premier concert va ressembler !
Devin Townsend
Ainsi, on parcourt la discographie du grand Townsend en acoustique, ce qui nous donne l’occasion de savourer sa voix majestueuse, sans parasite ni instruments saturés pour la dissimuler. Qu’elle soit douce, agressive, grave, criante, ou à la limite de l’opéra, elle nous enchante et nous hypnotise. Notre attachement pour le génie ne fait que grandir au fil de ses prises de parole improvisées, et le public tout entier boit ses mots, rit et l’applaudit sans retenue, tout en faisant preuve d’un respect religieux pour le son minimaliste, mais intense des compos’.
Avec malice, Devin confirme l’arrivée imminente de celle qui va l’accompagner sur une chanson contenant du « Ih » et du « Ah »… Mais malgré cette annonce, personne ne surgit des coulisses, et le chanteur explique alors : « C’est vrai que je lui ai dit que l’heure du concert avait changé, donc je pense que je vais devoir meubler en attendant, ou bien passer au morceau suivant… » Mais voilà que la belle Anneke van Giersbergen s’avance d’un pas pressant, le sourire éclatant, mais l’air un peu honteux de nous avoir fait attendre quelques secondes de trop !
D’année en année, la complicité entre les deux artistes n’a fait que se renforcer, et les fans qui ont eu la chance de les voir réunis sur scène peuvent réellement en attester (lire notre report du concert au Dynamo Metal Fest 2017). Après avoir évoqué leur rencontre, Devin démarre Ih-Ah!, la ballade extraite du premier album où Anneke apparait en tant que guest : « Addicted! » (2009).
C’est après Life que Mister Townsend quitte la scène quinze minutes avant la fin de son créneau… Mais il n’omet pas de nous saluer chaleureusement en nous communiquant un message sur l’amour et l’acceptation de soi.
En une heure, l’artiste nous aura fait passer par le rire, les larmes, la fascination et, surtout, la satisfaction de ne surtout pas avoir loupé ça !
Devin Townsend et Anneke van Giersbergen
WITCHCRAFT, mainstage, 19H45 – 21H00
Le groupe nous marque dès le début avec un son résolument lourd et une voix agréable, sans oublier ses solo fous et ses passages qui nous accrochent immédiatement. Très vite, Magnus Pelander, au chant, demande gentiment aux fans de ranger les appareils photo et autres smartphones. Il réitèrera sa requête un peu plus tard, et nous ne pourrons que saluer cette initiative, tant la manie du public à profiter d’un concert à travers son écran – et forcer les autres à en faire de même, est plus que contestable.
Tout du long, on est charmés par les influences bluesy / rock 70’s planant, et les jolis effets lumineux ne font qu’intensifier nos impressions. WITCHCRAFT boucle son passage au Prognosis d’un long développement qui n’est pas sans rappeler nos chers THE DOORS… En dépit d’un manque d’action et de gestuelle de la part des membres, la performance aura été dans l’ensemble intéressante et reposante dans le bon sens du terme, à cette heure-là du festival.
TESSERACT, mainstage, 21H45 – 23H15
Les Britanniques engendrent les premiers vrais pogos du festival, tandis qu’ils sont les derniers à fouler la mainstage pour cette édition. On apercevra même un verre qui volera au-dessus de la fosse… Les fans de prog’ auraient donc envie de se défouler, comme tout autre métalleux qui se respecte ! Au diable, donc, la concentration et le calme qui l’ont caractérisé jusqu’à présent… Place à la fête.
Le backdrop affichant le logo blanc du groupe est élégamment mis en valeur par les lumières, qui ont décidément été bien gérées sur la majeure partie de l’événement. La gestuelle saccadée et violente de Daniel Tompkins participe à l’ambiance plus folle de la salle, sans compter que la setlist est composée de morceaux bien connus des spectateurs. Le chanteur n’hésitera pas longtemps avant de s’offrir un slam sur la foule dense !
Nous devons néanmoins écourter notre expérience afin de descendre à la small stage et prendre connaissance du groupe qui fermera cette édition…
Pour ce tout dernier concert, les Australiens de SLEEPMAKESWAVES se sont visiblement donné pour mission de réveiller les esprits : d’entrée de jeu, leur folie scénique les distingue de toute autre formation, tandis qu’ils courent de part et d’autre de la scène, sautent et se déchaînent à manquer de tomber, sans pour autant perdre une miette de leur professionnalisme… En quelques secondes, ils surpassent ainsi le show de la « main » qui se déroule en même temps ! Très vite, la fatigue accumulée ce week-end nous quitte grâce à cette énergie contagieuse.
Pourtant, le pari était risqué, car le groupe propose des morceaux exclusivement instrumentaux… Mais il est incroyable de voir à quel point les guitares parlent d’elles-même et n’ont besoin de rien d’autre pour nous convaincre.
Quand les compos’ le requièrent, Alex Wilson délaisse sa basse pour se mettre aux claviers, puisque le groupe n’est composé que de trois membres. Nous sommes ravis d’entendre en live leur excellente reprise de Children par Robert Miles, que certains spectateurs reconnaissent avec nostalgie !
Non content de nous donner une performance déjà digne de ce nom, Otto Wicks-Green, guitariste, ponctue le set de prises de parole naturellement drôles, chaleureuses et décontractées. Le musicien demandera d’ailleurs au public de se décaler vers la gauche afin de dégager l’entrée qui se trouve à l’opposé : « Vous ne vous rendez pas compte, mais rassurez-vous, nous, d’où on est, on peut gérer ça ! », lancera-t-il d’un air faussement sérieux.
On repartira plus cultivés, tandis que le groupe nous enseigne l’expression « ridgy-didge », du « slang » australien, qui signifie « vrai » ou « bien », et qui, d’après le trio, s’applique au public.
Ce soir, SLEEPMAKESWAVES a prouvé que tout artifice est inutile pour marquer les esprits : la qualité de leur musique aura d’autant plus été savourée grâce à cette performance à couper le souffle.
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Leprous (vendredi)
Ce tout nouveau festival nous aura ravis sur plusieurs points, à commencer par un lineup aussi bien nourri par des têtes d’affiche incontournables que par des groupes émergents très prometteurs.
A aucun moment nous n’avons souffert d’une quelconque redondance, en dépit d’une affiche bel et bien cohérente et unie par un même style : chaque formation a présenté sa propre version du prog’, révélant une ambition, une créativité et un talent certains.
D’autre part, les « clinics » et conférences, mis en place par une équipe sérieuse et impliquée, offraient une expérience complémentaire enrichissante que d’autres événements s’attacheront sans aucun doute à copier à l’avenir.
Reste à régler la question de l’affluence dans la petite salle du rez-de-chaussée ainsi que les créneaux qui se superposaient, et nous aurons alors du mal à trouver quoi que ce soit à reprocher au Prognosis !
Rendez-vous les 20 et 21 mars 2020…
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Photos : Emilie Garcin